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Sans titre

Le prévôt des marchands

Au son de la trompette

Publie à tous tenants

Qu’il veut six cents fillettes

Jeunes et gentilles

Et qu’il leur donnera

Béquilles très bien faites

Du Père Barnaba1 .

 

À ce bel annoncé

Il s’en trouve dix mille

Qui vont se présenter

À ce chef de la ville.

Allez, dit-il, mes filles,

Chacune à vos prélats

Demander la béquille

Du Père Barnaba.

 

Chacune sans tarder

Pour être des premières

Va trouver son curé

Et dans son presbytère

Lui fait voir son affaire

Pour qu’il ne tarde pas

À donner la béquille

Du Père Barnaba.

 

Le pasteur indulgent,

Pour soulager ces filles

Écrit diligemment

Les noms des plus gentilles,

Les laides il apostille

Et ne leur promet pas

La charmante béquille

Du Père Barnaba.

 

Cela ne suffit pas,

Il faut des baptistaires

Et vos certificats

Pour faire vos affaires.

Allez à mon vicaire,

Il examinera

S’il vous faut la béquille

Du Père Barnaba.

 

Songez que six cents francs

Que la ville vous donne

Font pour vous, mes enfants,

Une assez grosse somme.

De plus, chacune un homme

Qui vous apportera

Une bonne béquille

Du Père Barnaba.

 

Je me vois engagé,

Et c’est mon ministère,

Oui, je suis engagé

De vous servir de père.

Soyez donc bien, mes chères,

Réservées sur ce cas.

Ménagez la béquille

Du Père Barnaba.

 

N’allez pas tout d’un coup

La mettre hors d’haleine,

Pour avoir votre saoul

De ce qui se dégaine

Ménagez votre drille,

Sinon il vous faudra

Dire adieu la béquille

Du Père Barnaba.

 

Ô prince bienheureux,

Le soutien de la France,

Aimé, chéri des Dieux

Dès la plus tendre enfance,

Pour le bien de nos filles,

Que ne fais-tu pas là,

Leur donnant la béquille

Du Père Barnaba.


  • 1Une chanson fut faite à l’occasion des six cents mariages ordonnés par le Roi au lieu des fêtes que l’on devait donner à Paris pour la naissance du duc de Bourgogne.

Numéro
$6786


Année
1751




Références

BHVP, MS 661, f°133v-136r - Mazarine Castries 3989, p.392-95