Aller au contenu principal

Sans titre

Monsieur le prévôt des marchands,

J’ne saurais le croire,

Le tour paraît des plus méchants,

Cette fête est sans boire,

Ni cervelas, ni saucissons.

La faridondaine, la faridondon

Point de vin rouge ni de gris,

Biribi

À la façon de barbari, mon ami.

 

Quand ma femme fit un enfant,

Tout était par écuelle

Quoique nous n’eussions point d’argent,

On s’endetta pour elle

Aussi bien que pour le poupon

La faridondaine, la faridondon

L’on y mangea, l’on but aussi,

Biribi, etc.

 

Seulement pour un échevin

Que vous venez d’élire

L’on mange et l’on boit plus de vin

Que l’on ne saurait dire.

Vous en sortez tous assez ronds

La faridondaine, la faridondon

Donnez-nous donc à boire aussi.

Biribi, etc.

 

On dit qu’on donne cent écus

À quatre cents fillettes

Pour faire quatre cent cocus

Après les noces faites,

Morgué, que ne suis-je garçon

La faridondaine, la faridondon

Je serais de la fête aussi.

Biribi, etc.

 

Que ne retranchait-on plutôt

Les quatre sous pour livre

En nous laissant manger du rôt,

Du vin tant qu’on soit ivre

Et pour mieux fêter le poupon

La faridondaine, la faridondon

Nous ôter le vingtième aussi.

Biribi, etc.

 

Si notre Roi trop engagé

Exige qu’on finance,

Qu’il se jette sur son clergé,

Il a l’argent de France.

Qu’il retranche mille maisons

La faridondaine, la faridondon

De moines gras et bien nourris.

Biribi, etc.

 

Quand chaque évêque et chaque abbé

Sur mille francs de rente

De ses revenus eût doté

Une jeune innocente

En lui donnant cent ducations

La faridondaine, la faridondon

Que de sujets au Roi Louis.

Biribi, etc.

 

Mais j’admire pourtant l’esprit

De Monsieur de Bernage,

Car enfin pourtant il s’agit,

N’importe à quel usage

De donner à six cents tendrons

La faridondaine, la faridondon

Des saucissons sans être cuits.

Biribi

À la façon de barbari, mon ami.

Numéro
$6785


Année
1751




Références

Clairambault, F.Fr.12720, p.263-64 - Mazarine Castries 3989, p.389-91