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Les Talents du maréchal de Saxe

Les talents du maréchal de Saxe1
Que tout dans ces lieux retentisse
Pour célébrer le grand Maurice ;
Qu’un rouge bord et souvent répété
Marque nos vœux pour sa santé ;
Quelle santé pourrions-nous boire
Qui fût plus chère à notre cœur ? :
Né pour l’amour, né pour la gloire,
Maurice fut toujours vainqueur.

Quand Mars le laisse auprès des belles,
Il est charmant, il n’aime qu’elles ;
Jamais l’Amour ne vit par plus d’exploits
Exécuter ses douces lois ;
Mais quand Bellone, au bruit des armes,
Vient rassembler tous nos guerriers,

L'Amour a beau verser des larmes,
Maurice court à ses lauriers2 .

Ainsi toujours son grand courage
Brûle d’un feu qui le partage
Entre l’amour et le dieu des combats,
Dont tour à tour il suit les pas ;
Vive un héros, fier et terrible,
Quand Mars l’appelle à ses travaux ;
Vive un héros, tendre et sensible,
Quand Mars a plié ses drapeaux3 .

  • 1 - Hermann Maurice, comte de Saxe (1696 1750), était fils de l’électeur de Saxe, roi de Pologne Auguste II et de la comtesse Aurore de Kœnigsark. Après avoir fait ses premières armes contre Louis XIV, il entra en 1720 au service de la France, avec le grade de maréchal de camp, devint lieutenant général en 1734, et maréchal de France dix ans après. Il fut le héros de la guerre de la succession d’Autriche par ses victoires de Fontenoy, de Raucoux et de Lawfeld. En récompense de ses services, Louis XV lui donna le château de Chambord, avec 40 000 livres de revenu, le proclama Français par des lettres de naturalisation qui étaient un véritable panégyrique, et l’honora enfin du titre de maréchal général que Turenne et Villars seuls avaient porté avant lui. (R)
  • 2« Il a justement mérité le reproche de n’avoir pas été assez délicat dans ses plaisirs puisqu’ils l’ont conduit au tombeau par une fin prématurée. Autrement ce goût excessif des courtisanes est peut‑être le principe de ses exploits et de sa gloire. Si leur commerce était nuisible à sa santé et affaiblissait ses facultés, il n’ôtait rien à la liberté de son esprit ; son âme conservait toute son énergie. Il sentait le danger d’une tendresse excessive… L’amour étant chez lui un besoin et non une passion, il ne donnait à la nature que ce qu’il ne pouvait pas lui ôter. » (Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 3Chanson par M. Perrin, et la musique par M. Blaise. Ce Perrin, qui était Provençal, était employé dans les vivres ; il fut assassiné d’un coup d’épée donné par derrière, par un concurrent à une place que lui Perrin avait obtenue et il mourut au café de la Régence en buvant un verre d’eau. (M.) (R)

Numéro
$1028


Année
1746

Auteur
Perrin, provençal



Références

Raunié, VII 65-67 - Clairambault, F.Fr.12715, p.71-72 -Maurepas, F.Fr.12649, p.253-54 -  F.Fr.10477, f°304 - F.Fr.13658, p.359-60 - Mazarine Castries 3989, p.206-07 et 227-31