Le duc de Noailles fait maréchal de France
Noailles, partez du pays allemand ;
Revenez, beau bijou, vous êtes tout charmant
Vous voilà maréchal sans avoir eu de mal1
.
Vous êtes plus heureux qu’un jeune cardinal.
Pour vous, demeurez, D’Asfeld, au bord du Rhin.
On s’en rapporte à vous conservez le terrain.
Il vous coûte plus cher qu’à votre compagnon
Qui voyait sans rien voir le camp devant Elbron.
Camper et décamper d’Elbron à Philipsbourg,
Eugène, faites mieux, faites comme du Bourg.
On sait que vous avez de fort bonnes raisons.
Mais le temps vient qu’il faut cracher sur les tisons.
Consolez-vous, Tingry, consolez-vous, Guerchy,
Vous aurez le bâton, tous nos grivois l’ont dit.
On connaît votre tête, on connaît votre bras,
Vous êtes généraux, et vous êtes soldats.
Un jour des Quatre Temps le pieux Broglio
S’est trouvé sans culotte. Ah, que cela est beau,
Pour tous ses bons avis qu’à Parme il vous donna
Coigny, vous deviez bien venir au : qui va là ?
Vive de Mortemart, Vive le roi Victor
La victoire se montre à leur premier abord
Espagnols et Français vous voilà commandés
Par des gens qui ressemblent à Vendôme et Condé.
Seigneur empereur, ennemi des Bourbons,
Pourtant en voici trois qui vous font des leçons.
Le Français, l’Espagnol et le Napolitain
Plument jusqu'au duvet de votre aigle mutin.
Puissance russienne, arrêtez-vous un peu
Au grand monsieur de Saxe on fera voir beau jeu.
Si le roi Stanislas a dit souvent Hélas !
Un beau matin viendra qu’il lui dira holà !
Anglais et Hollandais, vous jugerez des coups
Avec votre lunette. Observez-les bien tous.
Laissez-nous seulement remuer le cornet
Et vous verrez pour nous sortir raffle de sept.
- 1Le duc de Noailles, fait maréchal de France à la place de M. de Berwick, tué d’un coup de canon à la tranchée de Philisbourg.
F.Fr.12675, p.124-27 - F.Fr.15133, p. 347-51 - BHVP, MS 542, p.313-15 - Arsenal 3116, f°196r-197r - Lyon BM, MS 1553, p.309-14