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Mandement de M. l’évêque de Bethléem

Mandement de M. l’évêque de Bethléem

Jacques, évêque de Bethléem,

Suffragant de Jérusalem,

Aux gens de notre diocèse,

Gens comme nous mal à leur aise,

Espoir et consolation,

Salut et bénédiction.

Puisqu’à tout propos, sans synode,

Les mandements sont à la mode ;

Que Gap, la Rochelle et Luçon

Aux cardinaux font la leçon,

Que dans Paris tout mur se signale

Par mainte affiche épiscopale

Et que sans ce lustre un prélat

Chez ses confrères n’est qu’un fat ;

Comme eux je dois en conscience

Étaler aussi ma science.

Sachent donc tous que je proscris

Des pélagiens les écrits,

Des sociniens le système

Et de Spinoza le blasphème.

Je condamne tout novateur,

Puritain, déiste, trembleur.

Anathème soit tout laïque

Qui veut troubler la paix publique,

Qu’on laisse en repos Tambourin,

Molina, Sanchez, Azolin,

Vicat, l’auteur des Équinoxes,

Et des vingt-quatre les colloques.

On ne peut rien de plus poli,

Plus humain, ni mieux établi.

Pour ne point livrer au scandale

La pureté de la morale,

Je veux qu’en paix et de concert

Quesnel se lise avec Habert.

Sans condamner à la légère

Une doctrine un peu sévère,

Jusqu’à nouvel ordre j’entends

Que l’interdit soit en suspens

Et que toute erreur repoussée

On donne de tout main-levée.

Soit le mandement affiché

Aux portes de tout évêché,

À toutes celles de Sorbonne,

où maint docteur en âne raisonne.

Fait à Nevers le treize mai,

Présent, Georges, conseiller lai.

Signé Jacques, et plus bas Hilaire,

De Sa Grandeur le secrétaire.

 

Numéro
$6860


Année
1715




Références

BHVP, MS 551, p.320-21


Notes

 

Très proche de $3735 et de $3954 à qui il emprunte son début. Ils forment une sorte de variations sur un même thème.