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Les Amours du roi

Les amours du roi1
Notre pauvre roi Louis
Dans de nouveaux feux s’engage ;
C’est aux noces de son fils2
Qu’il adoucit son veuvage3 .
Aïe, aïe, Jeannette, aïe, aïe,

Les bourgeoises de Paris
Au bal ont eu l’avantage ;
Il a pour son vis-a-vis
Choisi femme de son âge4 .

Le Roi, dit-on à la cour ;
Entre donc dans la finance,
De faire fortune un jour
Le voilà dans l’espérance.
Aïe, aïe, Jeannette, aïe ! aïe !

  • 1Autre titre: Pot‑pourri sur les amours du Roi avec Mme d’É­tioles, femme de M. Le Normand, seigneur d’Étioles. (M.) — Voici comment s’exprime la Vie privée de Louis XV au sujet de ces amours : « Mme de Pompadour née dans la classe la plus infime, était fille d’un nommé Poisson, personnage crapuleux, bas, grossier, mais ne manquant pas d’un certain esprit ; il était surtout très caustique et dans sa franchise ne s’épargnait pas lui‑même. Il était boucher des Invalides, et avait acquis du bien dans cette place. Sa femme était une des plus dévergondées qu’il soit possible de voir, sans frein, sans pudeur. Après avoir trafiqué de ses charmes, elle avait compté sur ceux de sa fille, et à force de lui dire qu’elle était un morceau de roi, lui avait inspiré le désir d’être maîtresse du monarque. Ce désir s’était tellement accru qu’elle n’avait négligé aucune occasion de le remplir ; elle y travaillait surtout depuis la mort de la duchesse de Châteauroux… Elle n’eut garde de manquer l’occasion du bal. Après avoir excité par ses agaceries et ses propos spirituels la curiosité du Roi, elle céda à ses importunités, elle se démasqua, mais par un raffinement de coquetterie se rejeta en même temps dans un groupe de monde, sans toutefois se laisser perdre de vue. Elle avait alors un mouchoir à la main, et soit exprès, soit involontairement, le laissa tomber. Louis XV le ramasse avec empressement, et ne pouvant atteindre du bras où elle est, le lui jette le plus civilement qu’il peut. Ce fut le premier triomphe de Mme d’Étioles. Un mur­mure confus se fit entendre aussitôt dans la salle avec ces mots : le mouchoir est jeté, et toutes ses rivales furent dés­espérées. » (R)
  • 2Le mariage de M. le Dauphin, célébré le 23 février. Il y eut à Versailles un bal masqué dans les apparte­ments du Roi au sujet de ce mariage. (M.) (R)
  • 3On veut parler ici de Mme de Chateauroux, ci‑de­vant maîtresse du Roi, morte au mois de décembre de l’année dernière. (M.) (R)
  • 4« Mme d’Étioles n’était pas d’un rang à pouvoir faire des conditions, comme les femmes de qualité qui l’avaient précédée, elle fut obligée, pour réussir, de se prêter à toutes les volontés du monarque, mais cependant elle ne le fit qu’avec une réserve propre à maintenir et accroître son empire. D’ailleurs elle avait dans son esprit et ses talents des ressources pour suppléer au vide d’une passion trop tôt satisfaite. Elle ne tarda pas à subjuguer l’esprit du Roi par l’art merveilleux de l’amuser et le conduisit bientôt à son but, en se faisant déclarer maîtresse absolue et reconnue. » (Vie privée de Louis XV) (R)

Numéro
$1020


Année
1745




Références

Raunié, VII,50-52 - F.Fr.15140, p.249-50


Notes

Ce petit ensemble se recontre aussi partie d'un pot-pourri plus conséquent. Cf. $3299