Accomplissement d’une prophétie de Nostradamus,
en la personne de Louis XV au sujet de ses conquêtes

Centurie XI, sixain 48
Du vieux Charon on verra le phénix
Être premier et dernier de ses fils
Revivre en France et d’un chacun aimable
Régner longtemps avec tous les honneurs
Qu’auront jamais eu ses prédécesseurs
Dont il rendra sa gloire mémorable.

Au Roi sur cette prophétie
Grand prince, tu l’as donc rempli
Ce destin glorieux qu’avait su nous prédire
Un poète de qui l’on n’osera plus dire
Que jamais ce qu’il dit ne se vit accompli.
Eh quoi ! Nostradamus est-il donc un prophète ?
Nous ne mettons jamais un argument
A la place d’un sentiment ;
Nous jugeons par le coeur ; notre âme satisfaite
Aime ce qui retrace à nos yeux tes projets,
La tendresse de tes sujets,
Et de tes ennemis l’hommage ou la défaite.
Songe-t-on à traiter d’histoire contrefaite
Celle qui nous ramène à de si doux objets ?
Ah ! que d’un cœur content, qu’avec un œil avide,
On doit lire des faits si bien imaginés.
Tout ce que l’on traitait de contes erronés
Cesse de présenter un vide
Puisqu’au vrai, sans effort, tu les a ramenés.
Eh ! que m’importe à moi qu’on les nomme une fable
Lorsque les rares qualités
Du plus grand des héros, comme du plus aimable
En font autant de vérités ?
Quelqu’aristraque impitoyable
Osera-t-il encore insinuer… sans détours
Je conviendrai que de nos jours
Le vieux Nostradamus eût été plus croyable,
Prophète en toute sûreté
Sur Louis prévenant l’histoire
Il pourrait annoncer à la postérité
Des faits dont notre amour, secondé par la gloire,
Fonderait l’authenticité.
Il pourrait préparer à de nouveaux miracles
Les plus tendres sujets du plus doux des vainqueurs
Et compter pour autant d’oracles
Les sentiments de tous les cœurs.