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Vers sur la convalescence du Roi

Vers sur la convalescence du Roi
Quel prodige nouveau vient étonner mes yeux ?
Est-ce un foudre échappé de la voûte des cieux
Qui part, vole, éblouit et porte le ravage
Sur tout ce qui voudrait l’arrêter au passage ?

C’est un héros fameux, protecteur de nos lois,
Le père de son peuple et l’exemple des Rois ;
Tout tremble devant lui, son courage invincible
Porte l’effroi partout et rend son nom terrible.

Je vois de toutes parts des ennemis vaincus,
Des remparts renversés, des monstres abattus ;
Son bras victorieux et conduit par la gloire
Semble avoir à sa suite enchaîné la victoire.

A ces exploits fameux, à ces traits inouïs,
Aux coups qu’il a portés je reconnais Louis ;
Ce prince vertueux, modéré dans la guerre,
Sait arrêter le cours d’une ardeur téméraire.

Des peuples qu’il soumet il ne veut que le cœur,
Il se conduit en père et non pas en vainqueur.
Mais tandis qu’on n’entend que des cris d’allégresse
Le plus affreux malheur nous remplit de tristesse.

Ce roi qui nous chérit, l’amour de ses sujets,
Voit arrêter le cours de ses plus beaux projets ;
Un poison dangereux se glisse dans ses veines
Et lui fait ressentir les plus cruelles peines.

Tous ses sangs sont troublés, par la fièvre agités.
Vers lui la mort s’avance à pas précipités.
Nous eussions vu bientôt par des destins contraires
Changer nos feux de joie en flambeaux funéraires.

Mais par les plus grands maux bien loin d’être abattu,
C’est alors que l’on voit triompher sa vertu
Des plus vives douleur sentant la violence
Il souffre sans se plaindre et sans impatience.

Dans les temples sacrés le peuple consterné
Aux pieds de l’Immortel en foule prosterné
Embrassait les autels, les arrosait de larmes
Et conjurait le Ciel de calmer ses alarmes.

Grand Dieu ! s’écriait-il, dans ce jour de colère
Ne frappez que sur nous, épargnez notre père !
Rendez-nous ce héros, le plus juste des rois.
Les soupirs, les sanglots interrompent leurs voix.

Ils implorent un dieu qui frappe et qui pardonne,
L’Eternel les entend du haut de son trône ;
Il daigne être sensible et répondre à leurs vœux.
Un jour serein succède à ces jours malheureux.

Tel qu’un faible vaisseau tourmenté par l’orage,
Par l’art du seul pilote évite le naufrage ;
Si les flots agités d’un vent impétueux
Une vague le couvre et le cache à mes yeux.

De la mer en courroux nous nous croyons la proie
Mais dès qu’il reparaît nous recevons la joie,
De même un doux espoir renaît dans notre cœur
Le salut de Louis fait seul notre bonheur.

 

Numéro
$3197


Année
1744 septembre




Références

F.Fr.13658, p.135-39