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L'allégresse publique

L’allégresse publique1
Vive le roi2  !
Vive le roi notre espérance,
Vive le roi !
Remettons-nous de notre effroi,
Louis est en convalescence,
Chantons tous en réjouissance
Vive le roi !

Le peuple francais en alarmes
Tremblait pour lui, tremblait pour soi3 .
Les plaisirs succèdent aux alarmes ;
Il vit, ce prince plein de charmes.

Grands et petits, chacun s’empresse,
De marquer son amour, sa foi ;
Tous lui témoignent leur tendresse,
Tous disent dans leur allégresse :

L’on n’entend plus que ce langage.
Partout on chante, on danse, on boit ;
Feux joyeux partout sont d’usage,
C’est à qui criera davantage :

Vivons sous son obéissance,
Qu’il nous donne à jamais la loi ;
Il remplira notre espérance.
Vive le destin de la France !

Offrons-lui nos cœurs en hommage,
Ils lui sont tous acquis de droit ;
En vertus il croît comme en âge,
Des rois il sera le plus sage.

Que son empire soit durable !
Quel bonheur d’être sous ses lois !
Pourrions-nous trouver son semblable,
Vive à jamais ce prince aimable !

Vive le roi !
Prions le ciel qu’il s’intéresse
Pour notre roi.
Qu’il nous conserve Villeroy,
Fréjus4 et la maman duchesse5 ,
Qu’avec eux nous disions sans cesse :
Vive le roi !

  • 1Autre titre: Sur la santé du roi, en 1721 (Clairambault)
  • 2« Paris a appris avec une joie incroyable la bonne santé du roi. Il ne se peut rien ajouter aux démonstrations de joie qui ont paru dans tous les états et toutes les conditions. Les prières, les Te Deum, les feux, les illuminations, les danses, les chants, les cavalcades, les fêtes bourgeoises et populaires, en un mot tout ce que l’on peut imaginer de plaisirs excessifs en ce genre, ont occupé tout Paris pendant plusieurs jours. Les poissonnières ont porté au Louvre un esturgeon de huit pieds de long, les bouchers un bœuf et un mouton ; chacun a porté son offrande, qui plus, qui moins, et les rues ont retenti jour et nuit du cri de : Vive le roi ! On allait danser dans le Palais‑Royal, et boire à la santé du roi, et, en se battant la fesse, on disait : Et voilà pour le Régent. Le petit peuple se faisait un roi et le promenait dans Paris. Les grands ont fait des dépenses prodigieuses en feux, fusées volantes et artifices, et on a vu à l’hôtel de Mailly, au bout du Pont-Royal, une illumination magnifique et d’un goût nouveau. » (Journal de Marais.) (R)
  • 3« Tant qu’il avait été en danger, on avait cru que la France y était elle‑même, et il régnait partout un morne silence. Dès qu’il fut rétabli, la joie fut aussi vive que la crainte l’avait été. On oublia ses propres misères pour se réjouir du bonheur commun de la nation. » (Mémoires de la Régence) (R)
  • 4André‑Hercule de Fleury, ancien évêque de Fréjus, précepteur de Louis XV. (R)
  • 5Mme de Ventadour, gouvernante des enfants de France. (R)

Numéro
$0460


Année
1721




Références

Raunié, IV,58-60 - Clairambault, F.Fr.12698, p.143-44 - Maurepas, F.Fr.12630, p.455-57 - F.Fr.10476, f°184