Revers de la médaille
Revers de la médaille1
S’élever des autels, pousser sa vanité
Jusqu’à prendre le nom de la Divinité,
Au mépris des traités surprendre des murailles,
Livrer en pleine paix de perfides batailles,
Forcer les éléments à servir ses plaisirs,
San respecter les lois contenter ses désirs,
Traiter ses ennemis comme de vils esclaves,
Leur mettre sans raison des fers et des entraves,
Être l’unique dieu du fade courtisan,
Abandonner son peuple au cruel partisan,
Croire par ces beaux faits mériter des louanges,
Du pur sang des Bourbons faire d’affreux mélanges,
Et pour pousser l’erreur jusqu’à l’extrémité,
N’aimer que les enfants de son iniquité ;
Avoir pour confesseurs de rusés politiques
Qui mènent les esprits par des routes obliques,
Se jouer hardiment de la religion,
Ne s’en servir jamais que pour sa passion ;
Continuer le cours d’une affreuse dépense,
Sans pitié, sans égard pour l’état de la France :
Réduire ses sujets à la mendicité ;
A ceux qui se plaignaient ôter la liberté,
Contraindre les esprits à suivre des maximes
Qui peuvent en vertu transformer tous les crimes ;
Construire un testament, ouvrage du démon,
Ou du moins de Voisin, ou de la Maintenon ;
Mourir en fils d’Ignace et non pas en monarque,
Croire qu’un lâche vœu pourra fléchir la Parque,
Voilà du grand Louis les mémorables faits :
Ne mérite‑t‑il pas nos pleurs et nos regrets2 ?
Raunié, I,48-49 - Clairambault, F.Fr.12695, p.664-65 - F.Fr.15152, p.39-41 et 119 (les six premiers vers) - Maurepas, F.Fr.12628, p.92-93 - F.Fr.12500, p.9 - F.Fr.13655, p.103-04 - BHVP, MS 551, p.196 bis
Ci-gît 1066 - $0013 en est le symétrique positif sur les mêmes rimes.