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Epigramme sur Madame de Maintenon

 Épigramme sur Madame de Maintenon
Que l’Éternel est grand et que sa main puissante
A comblé de succès mes vœux et mes travaux !
Je naquis Demoiselle et je devins servante ;
Je lavais la vaisselle et frottais les bureaux.


A mes premiers amants je ne fus point ingrate
Et les laissai jouir de mes plus doux transports.
A la fin j’épousai ce fameux cul de jatte
Qui vivait de ses vers comme moi de mon corps.


Mais avec le temps, vieille et veuve devenue,
Lorsqu’un héros me crut encor propre au plaisir,


Il me parla d’amour, je fis la Magdelaine
Et lui peignis le Diable au fort de ses désirs.
Il eut peur de l’Enfer, le lâche : il me fit reine.

 

 

Sonnet de Raline contre Mme de Maintenon sa bienfaitrice
Dieu, quels sont tes desseins et que ta main puissante
Fait succéder la gloire à de faibles travaux.
Je naquis demoiselle et je devins servante ;
J’écurai la vaisselle et frottai les carreaux.

Je me fis des amants et ne fus point ingrate ;
Je me livrai souvent à leurs ardents transports.
J’épousai de leur main le fameux cul de jatte
Qui vivait de ses vers comme moi de mon corps.

Mais le bonhomme mort et vieille devenue,
Mes amants sans pitié me laissaient toute nue.
Lorsque mon roi me crut encore propre aux plaisirs.

Il me parla d’amour, je fis la Magdelaine
Je lui parlai du diable au fort de ses désirs.
Il eut peur de l’Enfer, le lâche, et je fus reine.

(Arsenal 3128)

Numéro
$3532


Année
1715 septembre




Références

F.Fr.12796, f°33 - Arsenal 3128, f°283r - BHVP, MS 602, f°95v


Notes

 Ci-gît 1106