Sans titre
Chanson
1
Venez, peuples fidèles,
Entendre réciter
De très tristes nouvelles
Que je vais raconter,
Depuis peu arrivées
Dans la ville de Versailles.
Vous serez attristés
D’y voir des funérailles.
2
Dieu par sa providence
Fit régner Louis le Grand
En justice et prudence
Soixante et treize ans.
L’inexorable mort
D’un seul coup de sa lance
Trouble, mais c’est à tort
Le bonheur de la France.
3
Ce roi incomparable
Dans ce fâcheux moment
D’un génie admirable
Dit au Duc d’Orléans
D’avoir soin du Dauphin
Dans son jeune et bas âge
Et pour son soutien
Mettre tout en usage.
4
Adieu, Dauphin que j’aime,
Adieu mon petit-fils,
Tenez le diadème
Que je laisse aujourd’hui.
Mon neveu près de vous
En tiendra la balance
Et fera contre tous
Votre entière assurance.
5
Mon fils le roi d’Espagne,
Philippe Cinq du nom,
Votre aimable compagne,
Princesse de renom,
Recevez mes adieux
Ayez-les agréables
Accordez-moi vos vœux
Pieux et charitables.
6
Adieu, duc d’Orléans,
Duc de Condé, adieu,
Je vous dis à présent
Que je quitte ce lieu.
Le prince de Conti
Et son épouse aimable
Recevront aujourd’hui
Mes adieux favorables.
7
Adieu, duc du Maine,
Et de Toulouse aussi,
Au suprême domaine
Je vais, je vous le dis.
Faites à mon Dieu des vœux
Pour moi tout pleins de flamme :
Qu’il veuille bien dans les cieux
Y recevoir mon âme.
8
Princesses de ma cour,
Adieu présentement.
Priez à votre tour
Mon Dieu dévotement.
Qu’il m’accorde en ce jour
Par sa miséricorde
Son céleste séjour
Et ici la concorde.
9
Empereur doux et sage,
Je vous fais mes adieux
Sans en dire davantage
Dans ces terrestres lieux.
Prince de l’Austrasie
Et aussi votre femme,
Mes adieux je vous dis.
Priez Dieu pour mon âme.
10
Vous qui dessous les princes
Tenez tout en état
Dans les villes et provinces,
Fidèles magistrats,
Rendez à mon Dauphin
Toute l’obéissance,
Priez pour moi sans fin,
C’est là mon espérance.
F.Fr.12796, f°19r-20v
Ci-gît 1101