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Epitaphe contraire au précédent, du même auteur

Epitaphe contraire au précédent, du même auteur
La mort n’a d’égard pour personne ;
A force de vertus si l’on était exempt
De payer le tribut que sur nous elle prend,
Louis Quatorze vraiment grand
Porterait encore la couronne.

Hélas ! il est dans le tombeau
Après le règne le plus beau,
Le plus étendu dont l’histoire
Nous ait conservé la mémoire.

Dès le berceau proclamé roi,
L’heureux Condé dressa dans les champs de Rocroi
Le premier trophée à sa gloire
Presque toujours depuis on a vu la victoire
Seconder ses projets divers
S’il éprouva quelques revers
Ils furent de peu de durée
Et par eux sa vertu parut plus épurée.

L’Europe contre lui plusieurs fois conjurée
Attaqua ses Etats en vain de toutes parts
D’ennemis la France entourée
Conserva dans son sein une paix assurée
Au milieu des fureurs de Mars.

Par lui l’hérésie abattue,
La religion soutenue,
Les beaux arts cultivés, la frontière étendue
Par ses soins la justice exactement rendue,
L’Espagne enfin pour les siens obtenue
Et son héroïque trépas
Aux approches duquel son esprit magnanime
D’un seul moment ne se démentit pas
Méritent à très bon titre une éternelle estime
Il ferma les yeux pour toujours
Du mois de septembre tout le premier jour
De l’an mil sept cent quinze
Quinze lustres complets deux ans moins quatre jours.

Pleurez, pleurez, Français, on doit verser des larmes
Pour un héros tel que lui
Mais ne prenez point d’alarmes
Si pour roi vous n’avez qu’un enfant aujourd’hui ;
Par Orléans guidé, qu’il apprenne à le suivre :
Sans peine il sortira des plus rudes sentiers,
Et nous verrons en lui revivre
Ses plus illustres devanciers.

 

Numéro
$3619


Année
1715




Références

F.Fr.12796, f°30r-31r


Notes

Version positive de $3618 sur les mêmes rimes