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Logogriphe

Logogriphe1
Je suis un prodige d’audace,
D’adresse et de duplicité,
Riant de l’imbécillité
De ceux qui m’avaient mis en place :
Mais il faut que chacun ait son tour ;
Aujourd’hui je fais la grimace,
Comme un plaideur mis hors de cour,
Mais j’ai bien garni ma besace.
Dans les sept pieds qui composent mon nom
Se rencontre un meuble à la mode2 ,
Aux vieillards surtout très commode,
Qui vingt fois m’aurait dû faire changer de ton.
On trouve aussi cette horrible machine,
Vomissant la flamme et la mort3  ;
Si c’état contre moi, on bénirait le sort.
Tout bon Français me la destine ;
Par-là l’on me devrait deviner sans effort.
Cherchez et vous verrez paraître,
Deux villes4 un ambassadeur5 ,
De Jeanne d’Arc le robuste vainqueur6 ,
En amour un excellent maître :
Ce qu’à Cherbourg on élève à grands frais ;
Celui qui de la vigne eut les premiers bien faits7 ;
Le cinquième d’un lustre8 , un seizième de livre9 ,
J’en dirais davantage, on est las de me suivre,
Et pour finir j’offre aux yeux du lecteur,
La portion de moi si digne de la corde10  :
Charlot ! fais-moi miséricorde,
Que j’en sois quitte pour la peur.

  • 19 mai a. On semble épuiser contre M. de Calonne tous les genres de facéties ; c’est aujourd’hui un Logogriphe qui court sur son nom ; il est très méchant suivant le genre et n’est point mal fait ; le voici (M.).
  • 2Canne.
  • 3Canon.
  • 4Caen Laon.
  • 5Le nonce.
  • 6Ane.
  • 7Noé.
  • 8An.
  • 9Once.
  • 10Col.

Numéro
$2620


Année
1787




Références

Mémoires secrets, XXXV, 91