Logogriphe
Logogriphe1
Je suis un prodige d’audace,
D’adresse et de duplicité,
Riant de l’imbécillité
De ceux qui m’avaient mis en place :
Mais il faut que chacun ait son tour ;
Aujourd’hui je fais la grimace,
Comme un plaideur mis hors de cour,
Mais j’ai bien garni ma besace.
Dans les sept pieds qui composent mon nom
Se rencontre un meuble à la mode2
,
Aux vieillards surtout très commode,
Qui vingt fois m’aurait dû faire changer de ton.
On trouve aussi cette horrible machine,
Vomissant la flamme et la mort3
;
Si c’état contre moi, on bénirait le sort.
Tout bon Français me la destine ;
Par-là l’on me devrait deviner sans effort.
Cherchez et vous verrez paraître,
Deux villes4
un ambassadeur5
,
De Jeanne d’Arc le robuste vainqueur6
,
En amour un excellent maître :
Ce qu’à Cherbourg on élève à grands frais ;
Celui qui de la vigne eut les premiers bien faits7
;
Le cinquième d’un lustre8
, un seizième de livre9
,
J’en dirais davantage, on est las de me suivre,
Et pour finir j’offre aux yeux du lecteur,
La portion de moi si digne de la corde10
:
Charlot ! fais-moi miséricorde,
Que j’en sois quitte pour la peur.
Mémoires secrets, XXXV, 91