Epigramme
Épigramme1
Un jeune peintre à son retour de Rome
D'après Gessner peignait la mort d'Abel ;
L'oeuvre avançait, si bien que le jeune homme
Se croyait presque un nouveau Raphaël.
Dans son tableau, l'Abel, l'Adam et l'Eve
Formaient un groupe, et la main de l'élève
Les avaient peints des traits les plus touchants ;
Mais n'ayant pas fréquenté les méchants
Il rendait mal l'air de mauvais augure,
L'air triste et bas qu'exigeait la figure
Du noir Caïn : l'art était en défaut,
Lorqu'un beau jour trouvant par aventure
Le cuistre Aubert, l'artiste fit un saut.
Enfn, dit-il, voilà ce qu'il me faut,
Et mon Caïn sera d'après nature.
- 1 8 février — Voici une nouvelle épigramme contre l'abbé Aubert, moins dure quoiqu'aussi méchante que la précédente ; elle est d'ailleurs mieux tournée et plus digne de M.Marmontel (M.).
Mémoires secrets, XXXI, 88-89