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Lettre de M. le duc de Châtillon à M. le duc de Richelieu

Lettre de M. le duc de Châtillon

à M. le duc de Richelieu1

Par votre humeur le monde est gouverné,

Vos volontés font le calme et l’orage,

Vous vous riez de me voir consterné

Loin de la cour, dans un simple village.

Alcimedon, mes désirs sont contents ;

Je trouve beau le désert que j’habite

Et je vois bien qu’il faut céder au temps,

Fuir le monde et devenir ermite

Je suis heureux de vivre sans emploi,

D’être oublié et vivre tout pour moi,

D’avoir dompté la crainte et l’espérance

Et si le Ciel qui me traite si bien

Avait pité de vous et de la France

Votre bonheur serait égal au mien2 .

  • 1Le 10 novembre 1744, le comte de la Luzerne, chef de brigade des gardes du roi, notifia à M. le duc de Châtillon, gouverneur de M. le dauphin, un ordre du roi de se retirer sur-le-champ et se rendre à ses terres en Poitou et n’obtint que 24 heures pour se disposer à cet exil, que Mme de Châtillon qui en était la cause, alla partager avec lui en vertu de pareil ordre. – Ce n’est pas que le duc n’en eût assez fait pour le mériter depuis la nouvelle de la maladie du roi, mais le roi l’avait pardonné. C’est la lettre médisante sur le compte de madame de Châteauroux, écrite par la duchesse de Châtillon à la reine d’Espagne, et qui est revenue au roi, qui s’en est tenu offensé, qui leur a occasionné cette disgrâce. (Bois-Jourdain)
  • 2M. le duc de Châtillon, gouverneur de M. le Dauphin, fut exilé en novembre 1744. On n’en sait pas au juste le motif. M. de Richelieu était favori du roi et confident de ses amours avec Mme de Châteauroux. (F.Fr.3128)

Numéro
$3658


Année
1744




Références

Clairambault, F.Fr.12713, p.1 -Clairambault, F.Fr.12721, p.129 -  Maurepas, F.Fr.12648, p.1 - F.Fr.10477, f°199 - .Fr.10479, f°495r - F.Fr.13656, p.237 - F.Fr.15140, p.242 - Arsenal 3128, f°335r et 364r - Bois-Jourdain, II, 253 - Poésies satyriques II, p.8


Notes

M. le duc de Châtillon était gouverneur de M. le Dauphin. Il fut disgracié parce qu’il conduisit à Metz, lors de la maladie du Roi, ce Prince, malgré la Reine qui était d’avis qu’il n’y fût point, et comme il croyait que le Roi était mort, ainsi que tout Paris, il eut l’imprudence de lui donner quelques avis sur ce que ce Prince devait faire dans la conjoncture présente.