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Requête à la Reine

Requête à la Reine1
0h ! parbleu, c’est trop de moitié,
Et l’aventure est effroyable.
Quoi ! lorsqu’une Reine adorable
Veut bien voir, par pure amitié,
Son couvert mis à notre table,
A travers les jeux et les ris
Qui sont venus tous à la fête,
Un vieux sergent vient tête à tête
M’offrir en termes fort polis
Un exploit des plus malhonnêtes !
Apprends que j’ai, sauvage huissier,
En ce jour pour tout créancier
Louis et la belle Antoinette ;
C’est de l’amour que je leur dois,
Et pour payer semblable dette,
Nul Français n’a besoin d’exploit.
Quand Paris, quand la France entière
Reçoit des maîtres complaisants,
Tous les animaux malfaisants
Doivent rester dans leur tanière.
Il faut, lorsqu’à pas diligents
Les plaisirs font partout leur ronde,
Être sergent des plus sergents
Pour venir rappeler aux gens
Qu’il est des créanciers au monde.
Ordonnez donc, si désormais,
O Reine, l’amour des Français
A nous visiter vous invite,
Que ce jour soit un jour sacré
Et que nul billet de visite
Ne s’écrive en papier timbré.

  • 1Autre titre : Par un Parisien qui a reçu une assignation le jour des fêtes données à la Reine. (M) — « Dans ces jours d’allégresse universelle, pendant ces fêtes brillantes données à la Reine, un Parisien a reçu une assignation pour dettes. Le mot dettes vous préparant assez naturellement à l’idée de pauvreté, et celle‑ci n’étant rien moins qu’étrangère à celle de rimeur, vous ne serez pas surpris d’apprendre que le sergent a été apostrophé d’une trentaine de vers qui sont bientôt devenus publics » (Correspondance de Métra.)(R)

Numéro
$1510


Année
1782




Références

Raunié, X,39-40