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Les belles lettres De l’Académie française


Les belles lettres

De l’Académie française

Sur les cinq voyelles

 

A

Quand le grand Armand forma a. a.

L’Empire des belles lettres,

Apollon qui l’en blâma, a. a.

Dit : Ces esprits géomètres

Compassés

Et glacés

N’élèveront nos thermomètres

Ni ne vaudront tous les vieux reîtres

Que mon esprit avoua.

Si Racine me charma a. a.

Le reste me blasphéma.

 

E

Vint le Chancellier Séguier é. é.

Qui la grammaire éplorée

Voulut bien réfugier é. é.

Dans une salle dorée

Le Braillard

De Conrart.

Voyant dans le palais d’Astrée

L'Académie effarée

Dans ce lieu privilégié

A longtemps jérémié é. é.

Son cardinal décidé.

 

I

Pour la tirer de l'oubli i. i.

Louis la mit dans son Louvre.

Le bel esprit rétabli, i. i.

Son premier lustre recouvre

Au seigneur

Par honneur.

La porte de son temple s'ouvre

Le public surpris y découvre

Le courtisan ébaudi i. i.

Qui se croit esprit fleuri i. i.

Apollon a déguerpi.

 

O

Malgré Minerve et Clio o. o.

Fontenelle versifie !

Par un autre vertigo o. o.

Houdard la Grèce défie.

Les accents Languissants

De sa triste philosophie

Mettent l'esprit en léthargie,

Et font jérémier l'écho, o. o.

Sur ses vers en Baroco. o. o.

Tout le monde crie haro !

 

U

Mais le café prévenu u. u.

A beau nous crier sans cesse :

C’est Homère revenu, u. u.

C’est la gloire du Permesse,

Apollon

Dit : Fi donc !

Est-ce ainsi que chantait Lucrèce ?

Ces vers dont le récit me blesse

N’ont ni force ni vertu, u. u

À ce Midas reconnu u. u.

Tout le public crie hu hu.

Numéro
$7458


Auteur
Roy (Pierre-Charles)



Références

Bouquet académique, p.19-21