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Le vrai bonheur. Ode

          Le Vrai bonheur

                     Ode

C’est toi, saint Bougre, que j’invoque,

C’est toi qui, sur le trône papal,

Quand un tendre objet te provoque,

Branle ton vit pontifical ;

Toi qui, plus chaud qu’une fournaise

Pour l’inexorable Farnèse,

Sens ranimer tes couillons vieux

Quand dans mes vers le foutre germe,

Silence. Je chante le sperme

Qui rend heureux les hommes et les dieux.

 

Si Brutus, l’honneur du Portique,

Mit le bonheur dans la vertu,

Par lui dans ce moment critique

Ce système fut combattu ;

Remis au niveau d’Épicure

Il vit que de nos maux la curée

Dépendait de la volupté

Et descendant chez Proserpine

Du premier foutre de sa pine

Scella ce dogme accrédité.

 

Heureux ceux que Priape honore

D’un nerveux membre de dervis

Par qui, du soir jusqu’à l’aurore,

Trois cons sont quatre fois servis.

Heureuse la femelle chaude

Qui sous sa conque ribaude

Tient toujours le vit en arrêt,

Et de qui l’étroit orifice

Livre passage au sacrifice

Du foutre qui coule à longs traits.

 

Que vois-je ! quel visage blême !

Quel cagot ! quel affreux jeuneur

Vient ici fronder mon problème

Et décrier le vrai bonheur !

Bougre, sache que l’Écriture

Aux sectateurs de la nature

N’a jamais promis de cyprès

Je le prouve ; si la Sorbonne

Ne trouve pas ma preuve bonne,

Qu’elle se fasse foutre après.

 

A votre avis, fût-ce une pomme

Qui du lieu de félicité

Précipita le premier homme

Au centre de l’adversité ?

Dans une cause plus sublime

Puisons la raison de ce crime

Pour lequel nous sommes maudits.

L’ange l’eût-il frappé du glaive

S’il n’eût refusé de foutre Eve

Dans le terrestre paradis ?

 

Le feu de la concupiscence

Ne régnait pas sur ses couillons.

Dans sa primitive innocence

Il n’en sentait que les bouillons.

Adam, dit le prélat d’Afrique,

N’avais pas ce foutre lubrique

Qui nous porte à nous accoupler.

Se croyant donc à l’acte inepte

Il désobéit au précepte

Qui lui commandait de baiser.

 

La foudre suit de près le crime

Et naît de ses exhalaisons

Aux attentats de la victime

Mégère allume ses tisons

Adam pêche, tout se révolte ;

La terre n’offre sa récolte

Que pour prix d’immenses travaux ;

De nous la misère s’empare

Et la mort qui nous en sépare

Devient le moindre de nos maux.

 

Quoi ! de larmes votre œil se mouille,

Triste grand-père des humains ?

A votre bienheureuse couille

Portez vos malheureuses mains.

C’est elle qui, dépositaire

Des délices des cieux sur terre,

Rendra tous vos sens ébaudis

Et la femme consolatrice

À dans le fond de sa matrice

Un extrait du vieux paradis.

 

Adam fout, sa race l’imite,

Le frère ensemence la sœur,

Le neveu que sa tante irrite

De son con se rend possesseur,

Par l’oncle la nièce abattue

A double couillons est foutue.

Là tout vit peut foutre tout con ;

Les cœurs n’en sont pas plus mornes

Ils plantent et portent des cornes

Siècle d’or, le reverra-t-on ?

 

Quel est ce vieillard sous sa tente

Dont le vit mollement guindé

Au jeune con de sa servante

Précipita son gland ridé ?

Ah ! ah ! des couillons, c’est le père.

Peste, comme son vit opère,

Il brave la glace des temps,

Et comme la verge de l’arche

Le sec outil du patriarche

Reverdit à plus de cent ans.

 

Qui jetterait dans ma peinture

Tout le grotesque de Callot.

Je tirerais d’après nature

L’histoire du bonhomme Lot

Je peindrais des filles amantes

Exprimant les couilles dormantes

De leur père de vin noyé,

Et faisant de leur gaine immonde

La restauratrice du monde

Que le Ciel avait foudroyé.

 

Nous arrivons près de Gomorrhe

Qu’un bitume vengeur brûla

De sa cendre qui fume encore

Sortirent les fils de Loyola.

Mais laissons ces bougres infâmes

Dans leurs antiphysiques flammes

Labourer les champs de l’anus.

Que le Diable en rut les chevauche,

Eux que cette affreuse débauche

Rend les ennemis de Vénus.

 

De Samson la force invincible

N’était pas où nous le croyons,

Et sa chevelure terrible

Était le poil de ses couillons

C’est d’eux que sa vigueur émane

Et que du philistin profane

Il abat l’orgueil criminel

Ou lorsque sa vengeance immole

Les adorateurs de l’idole

Sur les débris de son autel.

 

Paré de sa royale écharpe

David par ses sons me ravit

Mais s’il touche bien de la harpe

Il joue encore mieux du vit.

J’en prend à témoin Bethsabée

Dont la matrice et imbibée

Du sacré foutre de son Roi

Ou bien à la femme croyable

De ce brutal impitoyable

Que David fit mourir d’effroi.

 

Fils de Jessé ta digne race

Suit scrupuleusement tes pas

Thamarque, son frère terrasse,

En vain s’échappe de ses bras

Ouvre, trop timide vestale,

Un champ libre au vit qu’il étale,

Laisse assouvir sa passion.

Le plaisir que l’on te propose

Est sans doute l’apothéose

D’une criminelle action.

 

Absalon, tout brillant de gloire,

Dans son conquérant attirail

Fout pour marque de sa victoire,

De son père tout le sérail,

Et Sunamite et concubine

Tout passe par son étamine,

Ardent fouteur, vaillant guerrier,

Son vit part avec son tonnerre

Et de l’amour et de la guerre

Il ceint le myrte et le laurier.

 

Mais voyons la sagesse même,

Salomon, ce roi glorieux,

Qui de l’énigme et de l’emblème

Perce les sens mystérieux ;

Qui, du point primitif où l’aube

Commence à blanchir notre globe

Jusqu’aux lieux où la nuit s’étend

Vit le roi de chaque contrée

Rendre à sa sagesse éclairée

L’hommage le plus éclatant.

 

Reine de Saba passez outre,

Que venez-vous chercher ici ?

Voulez-vous donc vous faire foutre

Par le monarque que voici ?

Je crains pour vous la catastrophe

Et que ce fouteur philosophe

Ne viole le droit des cons.

Mais non, votre peau maroquine

Vous met à l’abri de sa pine

Lançant le foutre à gros flocons.

 

Tandis que cette reine admire

L’ordre qui règne dans ces lieux,

Je vais dans le foutoir du sire

Porter mes pas audacieux.

Ô con ! ô motte ! ô cuisse ferme !

Vous faites bouillonner mon sperme

Comme l’océan en courroux.

Beautés plus blanches que l’albâtre,

Adieu. Je crains que l’on ne me châtre

Si l’on me trouvait avec vous.

 

Vous êtes donc le bien suprême,

Délicieuse volupté,

Vous êtes, ma foi, mon système,

Sans vous point de félicité ;

Que, nouveau Job, Satan m’assaille,

Qu’il me réduise sur la paille,

Pourvu que mon vit reste sain

Et que mes couilles soient dociles,

Je m’en fous comme des conciles

Et du consistoire romain.

Numéro
$8053


Année
1743 novembre




Références

Clairambault, F.Fr.12710, p.371-80 - Maurepas, F.Fr.12646, p.302-11