Sans titre
En vain j’annonce en tout lieu
L’enfant descendu des cieux.
Je rencontre un vrai politique
Occupé de la Pragmatique.
Je lui montre le Sauveur,
Il parle de l’Empereur,
S’informant du testament
De son oncle Ferdinand.
Je voudrais citer l’Ecriture,
On répond : ce n’est que nature.
Un autre devient l’écho
De ce parfait quiproquo.
J’entre en explication
De ma sainte mission,
Je nomme Joseph et Marie
Pour eux l’une est reine d’Hongrie,
L’autre est le prédécesseur
De ce dernier empereur.
Je vois que c’est un abus
De leur dire rien de plus.
J’annonce en une autre contrée
La chute d’Adam réparée.
On me demande raison
De celle que fait Biron.
Je m’adresse à d’autres gens,
Philosophes et savants ;
Je leur présente le système
Fait par la sagesse suprême
Et chacun d’eux me remet
Pour lire du Châtelet.
Le peuple mourant de faim
Ne demande que du pain ;
De la céleste nourriture
Ne veut pas faire sa pâture.
Je laisse ces affamés
Pour des gens plus renommés.
Hé, qui donc m’écoutera ?
Ils vont tous à l’Opéra.
Je vois encenser la Lemaure
Au lieu du maître que j’adore.
Saisi d’un juste courroux
J’abandonne tous ces fous.
Après tant d’heureux travaux
Je m’arrête enfin à Sceaux.
Là je célèbre le mystère.
Par mille chants on le révère,
Souvent même malgré soi,
Et ces couplets en font foi.
Mazarine Castries 3987, p.321-23