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Plumes et panaches

Plumes et panaches1
Oui, sur la tête de nos dames
Laissons les panaches flotter ;
Ils sont analogues aux femmes,
Elles font bien de les porter.

La femme se peint elle-même
Dans ce frivole ajustement ;
La plume vole, elle est l’emblème
De ce sexe trop inconstant.

Des femmes on sait la coutume.
Vous font-elles quelque serment !
Fiez-vous-y, comme la plume :
Autant en emporte le vent.

La femme aussi de haut plumage
Se pare au pays des Incas ;
Mais là les beautés sont sauvages
Et les nôtres ne le sont pas.

Tandis que d’un panache, en France,
Un époux orne sa moitié,
D’un autre, avec reconnaissance,
Par elle il est gratifié.

  • 1« La folie des plumes écrivait Métra en janvier 1775, est arrivée à un excès qu’il est même impossible de soup­çonner… Il n’est question que de plumes et de la grande révolution qui a semblé se préparer dans le costume des habillements. » Quelques mois après, il ajoutait : « Toujours les plumes et plus élevées que jamais ; les femmes se mettent à genoux dans leurs carrosses, parce qu’ils ne sont pas assez exhaussés, on voit des visages au milieu du corps ; il faut espérer que cette mode passera comme les autres. » - Le coiffeur Beaulard, un artiste en son genre, avait imaginé un curieux moyen pour exploiter cette singulière manie. « Cet homme, est-il dit dans la Correspondance de Grimm, se met à la torture pour représenter soit au naturel, soit allégoriquement, les articles les plus importants des Gazettes. On voit sur un bonnet la rentrée du Parlement, sur un autre la paix des Russes et des Turcs, sur un autre la bataille d’Ivry et Henri IV, ou bien un jardin anglais, et enfin tous les événements anciens et modernes. » (R)

Numéro
$1396


Année
1775




Références

Raunié, IX,51-52