La Bourbonnaise
La Bourbonnaise1
La Bourbonnaise
Arrivant à Paris
A gagné des louis,
La Bourbonnaise
A gagné des louis
Chez un marquis.
Pour apanage
Elle avait la beauté,
Mais ce petit trésor
Lui vaut de l’or.
Étant servante
Chez un riche seigneur,
Elle fit son bonheur
Par son humeur.
Toujours facile
Aux discours d’un amant,
Ce seigneur la voyant,
Prodiguait les présents.
De bonnes rentes
Il lui fit un contrat ;
Elle est dans la maison
Sur le bon ton.
De paysanne
Elle est dame à présent,
Porte les falbalas
Du haut en bas.
En équipage
Elle roule grand train,
Et préfère Paris
A son pays.
Elle est allée
Se faire voir en cour ;
On dit qu’elle a ma foi
Plu même au Roi.
Filles gentilles,
Ne désespérez pas,
Quand on a des appas,
Filles gentilles,
On trouve tôt ou tard
Pareil hasard.
- 1La Bourbonnaise se répandit dans toute la France sous les paroles plates et triviales du vaudeville ci‑dessus. Les courtisans malins y découvrirent une allégorie relative à Mme du Barry. Elle a donné lieu à une multitude d’autres. Le huitième couplet qui la caractérise mieux ne se trouve pas dans les recueils imprimés ; il a été vraisemblablement composé après coup. L’approbation de M. de Sartine est du 16 juin 1768, le temps précisément où cette beauté venait d’être produite au Roi à la sourdine. (M.) — Mme du Barry fut en secret la maîtresse du Roi, pendant la fin de l’année 1768, parce que Louis XV était en grand deuil de la mort de la Reine survenue le 24 juin. (R)
Raunié, VIII,132-34