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Stances à Law

Stances à Law1
Sage Law, écoute une fille.
Mon sexe doit être écouté ;
Cadette de noble famille,
J’implore humblement ta bonté.

Libre, j’ai cultivé sans cesse
Les filles du sacré vallon ;
Les fleurs des rives du Permesse
Ont rendu célèbre mon nom.

J’avais quelque rente en partage ;
Et, sur le pied des temps passés,
Je n’en voulais pas davantage.
J’avais peu, mais j’avais assez.

Les dieux te donnent à la France ;
Elle en avait un grand besoin.
Il faut ramener l’abondance :
C’est aussi ton unique soin.

Déjà la France fortunée
Goûte la fin de tes travaux
Et l’abondance ramenée
Lui rend la joie et le repos.

Mais jamais la loi la plus sage
De tous ne contenta les vœux ;
Malgré le commun avantage,
Elle fait quelques malheureux.

D’un effet triste et nécessaire
Tu ne peux garantir la loi :
Un sort, à tes destins contraire,
La détermine contre toi.

Loin de me plaindre, obéissante,
J’accepte un juste arrangement ;
J’ai réduit ma petite rente
A quatre, à trois, à deux pour cent.

Tu prescris : on me voit souscrire ;
Mais fais-moi donc la charité.
Je suis, à force de réduire,
Réduite à la mendicité.

  • 1Par Mlle de Catelan. (M.) — C’est sans doute Mlle Catelan de la Masquère, poète français (1662‑1745) qui fut couronnée quatre fois par l’académie des Jeux Floraux et obtint le titre de maîtresse ès jeux. (R)

Numéro
$0394


Année
1720

Auteur
Catelan (Mlle de)



Références

Raunié, III,213-14 -  F.Fr.15148, p.72-80