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Chacun son métier

Chacun son métier
Si dans la France tout prospère
C’est que d’un zèle soutenu
Chacun y fait ce qu’il doit faire.
L’abbé Grisel vous est connu :
Hier il vit, dans un coin sombre,
Ses pas doucement arrêtés
Par la voix d’une des beautés
Que la nuit amène sans nombre,
Et qui, dans leur joyeux loisir,
S’en vont, à la faveur de l’ombre,
Semer en tout lieu le plaisir.
La belle en offrit au saint homme.
A le goûter il se soumit ;
Et tout en le goûtant se mit
A la prêcher, lui disant comme
L’art qu’elle exerce lui vaudra
Une éternité malheureuse ;
Que Dieu sans faute brûlera
Toute fillette un peu joyeuse.
Tais-toi, dit-elle, plat vaurien,
Ta morale triste et fâcheuse
En ce moment, sied, ma foi bien !
Que mon sermon ne vous irrite
Et surtout ne vous trouble en rien !
Dit Grisel ; faites, ma petite,
Votre métier, je fais le mien.

Numéro
$1345


Année
1774




Références

Raunié, VIII,297-98