La prétendue Dame janséniste aux Révérends Pères jésuites
La prétendue Dame janséniste aux Révérends Pères jésuites
Ô vous, chez qui calomnie est permise1
Qui vous a dit que je quittais l’Église ?
Mourir plutôt qu’avoir pareil dessein.
Ne puis-je donc demeurer en son sein
Sans adopter vos damnables pratiques ?
Non, non, jamais ne suivrai ces rubriques,
Dussai-je fuir au royaume Abyssin,
Et tout ailleurs, où l’on hait vos maximes.
Je ne saurais voir enseigner les crimes
D’assassinat, de noire trahison
De… mais que fais-je ? Il vaut mieux vous répondre
Sur même ton qu’avez cru me confondre,
Et l ‘on verra qui des deux a raison.
Voulez-vous donc bouleverser l’Église ?
Vous avez fait si vilaine méprise
Près de Clément qu’il ne m’est point permis
De consulter ni vous, ni vos écrits.
De l ‘onction vous tarissez la source.
Des livres saints étaient notre ressource ;
Ils sont proscrits, ils tombent sous vos coups
Pourquoi lancer ces foudres contre nous ?
En nous forçant de vivre à vous guise
Voulez-vous donc bouleverser l’Église ?
Vous abhorez la pure vérité,
La Foi, l’Amour et la douce Espérance ;
Vous banissez de l’Église de France
Repos parfait, ancienne Liberté.
Tel est le but de ce nouvel ouvrage
Qu’ont fabriqué la fureur et la rage
Contre un écrit beau, divin, enchanté.
Paul triomphait : Moline a tout gâté,
Puis Le Tellier. Saint Paul n’est plus de mise
Voulez-vous donc bouleverser l’Église ?
Religion près de vous n’est que jeu
Et vous bravez toute saine critique
Mahométan, idolâtre, hérétique,
Ces titres-là vous embarrassent peu ;
Nous en avons la preuve en plus d’un livre
A votre esprit si quelqu’un ne se livre,
Fût-ce le Pape, il se verra troublé
Même à l’aspet d’un concile assemblé
Le vice seul chez vous se canonise.
Voulez-vous donc bouleverser l’Église ?
Quittez, quitez cet infâme projet.
Lors je serais bientôt votre héroïne.
Unissez-vous ; joignez un corps complet
Aux défenseurs de la grâce divine.
Jeunes et vieux marcheront sur vos pas,
Cette union sans doute serait bonne
Plus ne verriez partager la Sorbonne
Et finiriez tous scandaleux débats
Mais, Domine, voilà votre dévot
Et vous voulez bouleverser l’Église.
- 1* Tout le monde sait qu’une des maximes de la morale des jésuites est qu’on peut calomnier en conscience ses ennemis. Voyez là-dessus les Lettres provinciales et leur Apologie.
Maurepas, F.Fr.12627, p.399-401 - Recueil de poésies de différents auteurs, p.23-24
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