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La Disgrâce du chancelier

La disgrâce du chancelier1
Par ma foi, René de Maupeou2 ,
Vous devriez bien être soûl,
Lon lan la dérirette,
De tous les pamphlets d’aujourd’hui ;
Lon lan la dériri.

Votre crédit baisse, dit-on,
Chacun vous tire au court bâton ;
N’en êtes-vous pas étourdi ?

L’abbé Terray, le d’Aiguillon
Méditent quelque trahison ;
Le petit saint3 s’en mêle aussi.

Mais votre plus affreux malheur
C’est de n’être plus en faveur
Avec madame du Barry.

Jusqu’à ce monsieur de Beaumont4
Qui vous a fait certain affront,
Sans vous en avoir averti.

Ce qui redouble encor vos maux,
Le maître vous tourne le dos,
Et bien plus, la future en rit.

Voulez-vous que je parle net ?
Il faut faire votre paquet ;
Monseigneur, décampez d’ici,

Car à la Grève un beau Salve
Pour vous bientôt est réservé,
Lon lan la dérirette,
Et pardessus De profundis,
Lon lan la dériri5 .

  • 1« Il y avait longtemps qu’on n’avait ri sur le compte de l’abbé Terray. On le fit à l’occasion du remboursement des offices supprimés. Rien de plus singulier que la manière dont l’opération se consommait au trésor royal. Après avoir liquidé votre office, on vous faisait donner une quittance comme si vous aviez reçu le prix en espèces sonnantes, puis on vous retirait cette quittance sans vous en donner un sol, et l’on vous fournissait un contrat sur le Roi, comme si de votre plein gré vous aviez prêté à Sa Majesté le montant de ladite somme. C’est pour plaisanter sur cette comédie qu’on répandit cette épigramme politique, peu digne d’être recueillie comme pièce littéraire, mais précieuse et importante comme pièce historique. » (Mémoires sur l’abbé Terray.) (R)
  • 226 avril – Les propos se soutiennent sur sa brouillerie constante avec Mme Du Barry et les autres ministres de la maison de Bourbon, en sorte que les espérances se raniment merveilleusement de toutes parts et qu’on a toujours fait à compte la chanson suivante : (Mémoires secrets)
  • 3Saint‑Florentin, aujourd’hui duc de la Vrillière. (M.) (R)
  • 4On prétend que l’archevêque s’était opposé à la publication des monitoires. (M.) (R)
  • 5Ce jour, au milieu des bruits qui se renouvellent encore de la disgrâce prochaine et tant désirée de M. le chancelier, on débitait que M. le prince de Bauveau, l’un des quatre capitaines des gardes du corps, de quartier près la personne du Roi, et du nombre des seigneurs de la cour les plus opposés aux opérations actuelles dont il avait été lui‑même la victime, avait eu sur l’affaire des Parlements une conversation assez longue avec Sa Majesté, qui lui en avait elle‑même fourni l’occasion… On racontait encore que le docteur Lorri, médecin célèbre de la Faculté de Paris, répandu dans les meilleures maisons, avait dit en très bonne compagnie que sous quinze jours le chancelier serait déplacé. » (Journal de Hardy.) (R)

Numéro
$1330


Année
1772




Références

Raunié, VIII,259-60 - Mémoires secrets, IV, 116-17