De Polignac le cardinal

Depuis plus d’un mois est bien mal.

Si vous n’en savez pas la cause,

Je vais vous la dire en deux mots1  :

Son neveu ne fait autre chose

Que de fréquenter le bordeaux.

L’oncle par un petit collet

En avait fait un prestolet.

Il aurait eu maint bénéfice,

Mais il a préféré, dit-on,

Au risque d’une chaude-pisse

L’ardeur qu’il sentait pour le con.

Un vrai meurtre s’en ensuivit

Qui dans Paris fait un grand bruit

Ce qui chagrine l’Eminence.

Le neveu pour le pacifier

Avecque Malte manigance

Et veut s’en faire chevalier.

Malgré tout le jeune homme a tort

Car il mettra son oncle à mort

Tant le meurtre paraît funeste.

Quatre-vingts ans avec cela,

C’en est, ce me semble, de reste

Pour en peu d’heures en venir là.

Prions Jésus, notre Sauveur,

Qu’il mette à bien ce jeune cœur

Et prions la Vierge Marie

Qu’intercédant près de son fils

Ce débauché change de vie

Et troque en un bréviaire Iris.

• 1 Sur la maladie du cardinal de Polignac, causée par la conduite déréglée d’un de ses neveux qui fit tuer un homme qui par le bruit qu’il faisait pour rentrer chez lui le soir troublait le jeune homme dans les plaisirs qu’il prenait avec une nymphe (Castries)