La bataille jésuite
La bataille jésuite1
Ode
1
Inspirez-moi, soyez mon aide,
D’Ignace nourissons chéris,
Qui dans le cul de Ganymède
Enfoncez vos vits aguerris.
C’est à vous, modernes Orphées,
D’apprendre aux couilles échauffées
A braver le con des putains ;
Séchez, garces, dans votre empire
Le vit révolté se retire ;
Vos cons vont perdre leurs butins.
2
Régnez, respectueux silence,
Je vois cent frocards s’avancer ;
Chacun en main branle sa lance,
La bataille va commencer
Sortis de leur saint [ill.]
Leurs vits dans leurs courses agiles
Lancent le foutre dans les airs
Et leur tyaux infatigables
Ont presque rendu navigables
Leurs planchers de foutre couverts.
3
Dis-moi, jésuite magnanime,
Dont le vit n’a jamai plié
Doit-on préférer cette escrime
A foutre un con extasié ?
A-t-on à branler son priape
Même plaisir que quand on frappe
Découvert avec une Iris ?
N’en doutez point, jamais bougresse
Ne m’a causé tant d’allégresse
Que ne vous en procurent vos vits.
4
Fouteurs, allez à cette école,
Vous qui dans l’enfer féminin
De la pénétrante vérole
Pompez si souvent le venin.
Ces braves suppôts de Sodome
Des ardents ribauds de saint Côme
N’éprouvent jamais la chaleur.
Qui fout l’air, fout donzelle sage,
Qui n’a jamais sur son visage
Peint la vérolique pâleur.
5
C’en est fait, il faut qu’on renonce
A percer ce sexe empesté
Que de son vit chacun éponce
Et que le con soit détesté.
Ainsi le fils du patriarche
De sa femme méprisant l’arche
De foutre et d’avoir son châlit
Il le fit tant de fois de suite
Que son âme aux abois réduite
Sortit par le trou de son vit.
6
Sexe plus ardent qu’une loutre
Pour qui j’eus tant de passion
Je vous fouterai sans vous foutre
En dirigeant l’intention
Si par hasard de ma fenêtre
Je vois une garce paraître
Sur-le-champ mon vit haut le pied,
Mon œil la suit, le bougre écume
Comme la sybille de Cumes
Qui se branlait sur son trépied.
- 1On ne peut décemment pas mettre ce texte sur le compte de la propagande janséniste anti-jésuite, pourtant guère regardante sur les moyens employés. On s’étonne en revanche que cette logorrhée délirante, d’une si misérable obscénité, ait été retenue dans ce recueil où elle figure aux côtés de textes du jeune Voltaire.
F.Fr.12682, f°44 - Arsenal 3030, p.252-56
Lambeaux d'une ode de Mr Robbé de Beauveset intitulée La Bataille des jésuites ou l'Eloge dee la masturation (F.Fr.12682)