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Sans titre

Des chevaliers indifférents
Quel est le nouvel ordre1  ?
Qui, dans celui des soupirants
Peut causer du désordre ?
Quoi, Sœur Sallé, sœur Pélissier,
Les deux faisaient la paire,
Voudraient-elles s’associer
Pour réformer Cythère ?
Mais à tort nous les condamnons,
Juge-t-on par la forme ?
Ne craignons pas que ces Marions
Embrassent la réforme,
Cet ordre est celui de Pascal
Qui, d’une humeur peu fière,
Se trouve dans un gîte égal
Ou devant ou derrière.

  • 1 La Pélissier, actrice de l’Opéra, ayant été surprise par son amant qui la trouva couchée avec un conseiller au Parlement, il fit lever et habiller le conseiller et le renvoya dans son carrosse ; après quoi il souffleta et rossa d’importance la Pélissier qui, dit-on, depuis ce temps-là a renoncé à tous amants et n’en veut plus avoir. Elle s’est liée d’une vive amitié avec la Sallé, qui passe pour vestale, mais que l’on dit être tribade, profession qu’on prétend qu’elles exercent entre elles. Elles ont institué un ordre de chevalerie dont elle sont les deux chefs, qui est appelé l’ordre des chevaliers indifférents. Tout homme qui veut entrer dans cet ordre y est reçu en donnant dix louis et faisant serment d’être indifférent, et on lui donne le cordon de l’ordre, où est attachée une médaille particulière à cet ordre. Elles ont établi un souper chez elles certains jours de la semaine, où tout chevalier indifférent peut se trouver moyennant un louis et arborant son cordon. C’est sur l’établissement de cet ordre que ces couplets ont été faits. (Castries)

Numéro
$5450


Année
1732 (Castries)




Références

Mazarine Castries 3985, p.377-78