L’envieux Similor
L’envieux Similior
Conte épigrammatique et allégorique
Va, dit l’Enfer au démon de l’Envie,
De Similior, le roi des beaux-esprits,
Ronger le cœur, empoisonner la vie,
Et de ton fiel empester les esprits !
Cela fut fait aussitôt qu’entrepris.
De Similior l’esprit malin s’empare :
En cent façons sa fureur se déclare.
Pour spécifique, on cherche des calmants ;
D’encens brûlé quelques jets de fumée ;
Chanson flatteuse et doux sons d’instruments.
Sur ce, du ciel tombe un nouvel Orphée,
Soi-disant tel, et mieux que le premier.
Même, en son nom de guerre ou de métier,
Il s’appelait monseigneur de la Harpe ;
Mais, de par Dieu, de par saint Polycarpe
(De ce harpeur et du roi le patron)
Milord David a beau pincer sa harpe,
Saül se meurt possédé du Démon.
Choix d'épigrammes, p. 82 - Piron, OC, t.IX, p.192