Chanson au sujet de Mlle Pelissier
Or écoutez, petits et grands,
L’aventure d’un circoncis
Qui, du talmud ne tenant compte,
A débauché sans male honte
O  Dieux! Quel crime est-ce là!
Une fille de l’Opéra.

La pauvre enfant vivait en paix
Laissant reposer ses attraits,
Et de malin vouloir exempte
Menait une vie innocente.
Le seul Francoeur, son bon ami
Faisait cocu son cher mari.

Mais Satan qui n’est pas un sot
Voulant l’avoir dans son tripot
Prit l’occasion opportune
Que lui prescrivait la fortune
Et du juif secondant les voeux
Dans ses filets les prit tous deux.

Le rabin, fier d’un tel secours
D’abord lui conte ses amours
On dit que la modeste femme
Rougit jusqu’au fond de l’âme.
Mais quand son trésor il offrit,
Elle l’écoute et puis sourit.

Par un tel métal alléché,
Hélas! Qui n’eût fait le péché?
Elle succombe, la pauvrette,
Et de nuit, prenant sa cornette,
Avec le juif se mit au lit
Pour y commettre le délit.

Dulis charmé de tant d’appas,
Prodigue d’abord ses ducats
Et puis de maintes pierreries
Fait don à sa moitié chérie
Dont tous les jours elle s’orna.
Hélas, la cervelle en  tourna.

Mais la bonne âme, un beau matin,
Pensant qu’il fallait mettre fin
À ce désordre abominable
Qui la rendait enfant du Diable
Résolut de lui dire adieu
Et de se donner tout à Dieu.

À cet adieu, que fit le juif?
Il en devint plus mort que vif,
Et crut que ce n’était que leurre
Pour n’aller pas manger du beurre,
Ainsi qu’elle lui promit
Lorsque tant de dons il lui fit.

Après qu’en vain il eut tenté
De ramener cette beauté,
Il en dit le pis et le pendre
À eux qui voulurent l’entendre
Et maintenant fait des efforts
Pour rattraper tous ses trésors.

Mais pour effacer son forfait,
Savez-vous ce qu’elle en a fait?
Elle a mis le tout en aumônes
Pour mendiants et pauvres nonnes
La bonne dame, sur ma foi,
Eût tout rendu sans cet emploi.

Ainsi Dulis n’est qu’un sot,
Et toi, Satan, tu perds ton lot.
Notre nouvelle convertie
Va mener une sainte vie
Et désormais convertira
Nos bonnes soeurs de l’Opéra.