Ode à un prélat
Ode à un prélat
que son zèle pour la défense de la vérité
expose à des persécutions
Prélat, dont les travaux fameux
Ont répandu partout la gloire,
Dont les combats victorieux
Immortalisent la mémoire,
Quels cris s’élèvent contre toi ?
Eh ! quelle est cette hydre cruelle
Qui ne peut te voir sans effroi ?
La vengeance marche près d’elle,
La noir envie arme leurs mains.
Ciel ! de leurs complots inhumains
Sauvez une tête si chère.
L’intérêt de vos dogmes saints
Vous rend son salut nécessaire.
Mais pourquoi trembler pour ses jours ?
Continuez, troupes iniques ;
Oui, j’y consens à ses recours,
A mille odieuses pratiques ;
Ne montrez que dans de faux jours
Ses démarches les moins critiques ;
Tâchez par d’indignes détours
D’ôter aux éloges publiques
Ses œuvres les plus canoniques.
Inutile, impuissant courroux !
L’État dont il prend la défense
Contre la fureur de vos coups,
Les ouailles que sa vigilance
Dérobe à vos efforts jaloux ;
La foi qu’il maintient contre vous,
Voilà l’écueil insurmontable
Où se briseront tous vos traits.
Et toi, Prélat, dont à jamais
Le nom doit être respectable,
Ne cesse par d’illustres faits
De mériter toute la haine
De ceux dont l’audace hautaine,
Sous le joug d’une juste loi,
Prétend faire plier la foi.
Lettres de M. de V***, p.170-71
Destinataire inconnu