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Pièce très satirique sur la même rime. Epître de M. l'évêque de Boulogne à l'ancien évêque de Mirepoix.

Pièce très satirique sur la même rime.

Épître de M. l’évêque de Boulogne à l’ancien évêque de Mirepoix.

Docte et célèbre ex-Théatin,

Suppôt du prince ultramontain1

Régnant sur le mont Aventin,

Quel est mon malheureux destin

Dans l’aréopage augustin2  ?

L’on déchire mon bultin,

J’y perds mon grec et mon latin :

Tout le monde est-il calotin ?

Marville, Bourgeois et Boutin3

Pensent-ils comme Chauvelin ?

Et si jamais quelque Bouettin4

Devenait avare du pain

Dont se nourrit le chérubin

Par le moderne Sanhédrin5

Sur le sage génovéfain

Verrait-on jeter le grappin ?

Tant valait l’ancien robin6

Pourquoi, par billet clandestin

Le reléguer en Limousin ?

D’Argenson, cet esprit si fin,

Prendrait Pierre pour Martin.

L’on me dit que mainte catin

Dont il a sucé le venin

Qu’on appelle napolitain

Sur son cervelet incertain

Parfois agit en diablotin.

Mais d’un brocard aussi malin

Je dois en rire avec dédain.

Je connais le peuple mutin,

Rebelle au décret clémentin7 .

Des noires couleurs d’Arétin

Il peint notre auguste dauphin,

Et Louis, autre Constantin,

Que nous devons bénir sans fin.

Dans un âge presque enfantin

Ce prince d’un goût florentin

Imite, disent-ils, Jupin

Quand il ravit le beau Grupin8 .

Ensuite, amateur du tétin,

Préférant la blonde au blondin

De trois sœurs9 son coupable engin

Sonda l’incestueux vagin

Et pour baiser en franciscain,

Il buvait comme Célestin.

Fleury tranchant du Mazarin

Disait amen en vrai câlin.

Cet élève du mandarin

Passait de la couche au frotin.

C’en est pas tout, dit un essaim10

Que la matière met en train

A Fontenoy d’un air serein,

Loin de l’Anglais et du Germain,

Sur Noailles appuyant la main,

Louis indiquait Eloin11

Et son fils, chanteur de lutrin

D’avance implorait Bellarmin12 .

Mes chers prélats, cessons enfin ;

Plus d’un abbé, fier galantin,

Entre,, jurant en sarrazin,

A tes côtés fait le lutin.

Quel est, dit-il, cet écrivain

Plus prolixe que Guy Patin13 .

Lira-t-on jusqu’à demain ?

Ferai-je ma visite en vain ?

Dans le clergé je suis un nain.

Je veux devenir un Tencin.

Qui pourrait barrer mon dessein ?

Contre Quesnel, comme Doucin14 ,

Je saurai sonner le tocsin

A Cloris, Lisette, à Catin

Je prodiguerai le florin,

Et comme Monsieur de Saint-Albin15

Je lui donnerai bel écrin.

Ni la veuve, ni l’orphelin

N’auront de moi nul escabin.

Quel prélat fut ce Du Guesclin ?

Beaumont, Brancas et Montmorin,

Mieux que moi sous un baldaquin

Étalerait son casaquin.

Cher Boyer16 , tel est le refrain

De ces mangeurs de massepain.

À les obliger sois enclin

Pour eux seuls est un vrai Calvin

Ils doivent donc boire du vin

De la vigne du champ divin.

Fusse le Ciel doux et bénin

Qu’aux lieux où domine Quirin17

Ton saint élève en capucin

Un jour te baise la patin.

  • 1Le pape.(M.)
  • 2La chambre des vacations qui tint des séances aux Grands-Augustins et qui a condamné le mandement de l’évêque de Boulogne. (M.)
  • 3Magistrats de la Chambre. (M.)
  • 4Curé de Saint-Étienne-du-Mont. (M.)
  • 5La nouvelle chambre. Allusion au Conseil des juifs (M.)
  • 6Le Parlement. (M.)
  • 7La Bulle Unigenitus. (M.)
  • 8Ganymède par Jupiter. (M.)
  • 9Mmes de Mailly, Vintimille et Châteauroux. (M.)
  • 10Le peuple. (M.)
  • 11Nom de Dieu en hébreu. (M.)
  • 12Le cardinal jésuite que l’on a voulu canoniser depuis peu. (M.)
  • 13Fameux médecin qui a beaucoup écrit. (M.)
  • 14Antagoniste de Quesnel. (M.)
  • 15Archevêque de Cambrai. (M.)
  • 16M. de Mirepoix. (M.)
  • 17Rome, fondée par Quirinus Romulus. (M.)

Numéro
$4678


Année
1753 décembre




Références

F.Fr.10479, f°335-36 - NAF.9184, p.437-38 - Arsenal 2964, f°199-200 - Orléans BM, MS 1148, p.421


Notes

Longue pièce tout entière sur la rime -in