Sans titre
L'allure du temps
Ce matin chez Gradot1
On m'a dit pour nouvelle
Qu'à nos filles Hérault
Ne cherche plus querelle.
Le parlement mutin
Cesse ses remontrances
Car le fier nonce a dit :
N'est-il point de potence ?
L'archevêque bénin
Va retrancher sa table
Et Poitier et Martin
Vont devenir traitables.
Le Roi prudent et fin
Pendant la canicule
S'abstinant de chasser
Épluchera la Bulle.
Le cardinal malsain
Pour guérison certaine
Au bienheureux Pâris
Va faire une neuvaine.
Au pédant Chauvelin
Les humbles jésuites
Font sans savoir pourquoi
De nocturnes visites.
Si le diable malin
Mon cousin
Emportait le ministre
Tout contre Chauvelin
Mon cousin
Deviendrait très sinistre2
.
Enfin le Roi séant3
En son lit de justice
A dit au Parlement
Je veux qu’on m’obéisse.
Puis Gilbert de Voisin
Dit, Sire, je vous jure
Que cela ne vaut rien
Je vais pourtant conclure.
Clairambault, F.Fr.12704, p.99-118 - Maurepas, F.Fr.12633, p.53-55 - F.Fr.10476, f°347r - F.Fr.12674, p.455-18 -F.Fr.15146, p.117-22 (moins les trois derniers couplets) - Arsenal 2931, f°194v-204v - Arsenal 2938, f°99r - Arsenal 2962, p.567-570 - Arsenal 3116, f°145r -Stromates, I, 291-92 - BHVP, MS 548, p72-74 - BHVP, MS 658, p.276-300 - Mazarine, MS 2164, p.386-87 - Mazarine Castries 3985, p.5-13 et 212-250 - Lyon BM, MS 1553, p. 22-28
Datés de 1731 par le manuscrit Castries et de 1732 par Clairambault, il existe une très importante série de poèmes fondés sur le timbre de l’Allure dispersée dans les chansonniers. On les trouvera, pour le plus grand nombre, regroupés aux $1727-1736, 5428-5435, 6138-6140, ainsi qu’à $2802 et 3968. Ils relatent à leur manière le conflit du moment entre la monarchie et son parlement de Paris, ponctué d’arrêts, de remontrances, d’un lit de justice et, pour finir, d’une démission collective des magistrats suivie d’ordres d’exil pour les récalcitrants. Dans BHVP, MS 658, p.276-300, environ 150 couplets sur le modèle de l’allure, se succèdent à la file, alors qu’ils sont dispersés ailleurs de $1728 à $1736.