

Le schisme1
Voici venir le schisme,
Commère, j’en ai le frisson ;
Adieu donc, catéchisme,
Salut, vêpres, sermons,
Notre curé est décrété2.
J’ons vu ces damnés de recors,
Qui venions pour le prendre au corps.
Dis-moi, dame Pérelle,
Toi qui lis dans les almanachs,
Quelle est la péronnelle
Qui fait tant de fracas.
C’est, dit-on, le greluchon
De dame Constitution,
Qui la mène en confession.
Le Parlement de France,
Qui n’aime pas cette guenon,
Contre la manigance
A fait grand carillon.
Malgré les cris
Et les écrits
Du savant évêque Gergy
Et de l’archevêque de Paris,
Il veut que les jansénistes
A l’agonie soient traités
Ainsi que les molinistes,
Et en saints lieux enterrés :
Que nos curés
Soient disposés
A donner la communion
Sans billets de confession,
Et que dame la Bulle,
Qui vient troubler notre Credo,
Loin d’avancer recule
Jusques dans son tripot.
Notre bon Roi
Tremble d’effroi
Que notre antique et sainte loi
N’aille bientôt en désarroi ;
Prions Dieu, ma commère,
Qu’il n’en arrive point mal
Et que cette commère
Soit mise à l’hôpital.
Numéro $1113
Année 1752 août
Sur l'air de ... Laissez paître vos bêtes
Description
42 vers
Références
Raunié, VII,208-10 - F.Fr.10479, f°144r-145r - Arsenal 2964, f°147r-148r - BHVP, MS 599, f°38r
Mots Clefs Jansénisme, refus de sacrements, Bouettin, Languet de Gergy, menace de schisme, langage poissard