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Les quatre embarras

Les quatre embarras
1. L’embarras du roi
Si contre Beaumont, qu’on déteste,
Je juge en faveur de Thémis,
Le noir bourreau des deux Henrys,
L’églisier pis que la peste,
Ne respectera pas le lys.
Si malgré Thémis, au contraire,
Je laisse triompher Beaumont,
L’aréopage rodomont
Ne jugera d’aucune affaire ;
Tous mes peuples murmureront
Et toutes les lois cesseront.
Comment faire ?

2. L’embarras du Parlement
Si, suivant un zèle intrépide,
Contre Christophe je décide,
Louis, ami de Loyola,
A Pontoise m’exilera ;
Si, bon moliniste, au contraire,
Je laisse mourir le vulgaire
Sans sacrements, sans pain sacré,
Tous jusqu’à la harengère,
Sans fin crieront : Tolle, Tolle.
Comment faire ?

3. L’embarras de l’archevêque
Si j’accorde le pain des anges
Aux ennemis de Molina,
Par un malheur des plus étranges
La calotte m’échappera.
Si je le refuse, au contraire,
Le Sénat atrabilaire
M’ajournera, décrétera
Et peut-être me bannira,
Comment faire ?

4. L’embarras du porte-Dieu1
Si je porte le pain céleste
A ceux que Loyola déteste,
Mon archevêque m’interdit ;
Si je le refuse, au contraire,
Le Sénat outré me flétrit.
Comment faire ?

  • 1 - On appelait Porte Dieu les prêtres de paroisse chargés de porter le viatique aux malades. — L’embarras était surtout grave pour les membres du clergé inférieur, qui se trouvaient placés dans l’alternative périlleuse de désobéir soit à l’archevêque, soit au Parlement, et d’être poursuivis par l’autorité ecclésiastique ou par l’autorité civile. (R)

Numéro
$1115


Année
1752




Références

Raunié, VII,211-13 F.Fr.10479, f°362r - .Fr.21750, f°69 - Arsenal 4844, f°198r-198v - BHVP, MS 661, f°169r-170r