Sans titre
Dans le temps que vous élevez
Un tabernacle au Dieu de gloire,
Dites-nous comment vous pouvez,
Pieux prêtres de l’Oratoire,
Détruire par timidité
Le Temple de la vérité.
Les Juifs craignaient que les Romains
Ne vinssent saccager leur ville
Si jamais ils donnaient les mains
Aux maximes de l’Évangile ;
Leur politique les trompa
Et Rome enfin les écrasa.
Si par malheur vous imitiez
Un si pernicieux exemple,
Mes Pères, vous mériteriez
De voir détruire votre temple
Comme celui de Port-Royal,
Mais par un sort bien inégal.
Croyez-moi, périr pour périr,
Périssez en gens de courage.
Dieu seul qui peut vous secourir
Attend de vous ce témoignage.
Périssez pour sauver la foi
Avec les intérêts du Roi.
Cent fois vous nous l’avez appris,
Plaise à Dieu qu’il vous en souvienne,
Que Saül avait été le prix
Du sang que répandit Étienne,
Que le vôtre, Oratoriens,
Soit la semence des chrétiens.
Dire qu’on rejette de cœur
Un décret qu’on reçoit de bouche,
C’est devenir faux-monnayeur
Sans craindre la pierre de touche ;
Peut-on mentir au Saint-Esprit
Et se moquer de Jésus-Christ ?
Si les martyrs avaient usé
De cet indigne stratagème,
Ils n’auraient jamais refusé
À l’erreur de dire anathème.
Quand on aime la vérité
On meurt dans la simplicité.
Clairambault, F.Fr.12715, p.162 - F.Fr.10477, f°320 - Mazarine Castries 3989, p.221-23
Ces couplets ont été faits à l’occasion de l’assemblée des Pères de l’Oratoire, tenue dans leur maison de la rue Saint-Honoré, le 14 septembre dernier, pour leur faire signer la Constitution.