Aller au contenu principal

Sans titre

Dans le temps que vous élevez

Un tabernacle au Dieu de gloire,

Dites-nous comment vous pouvez,

Pieux prêtres de l’Oratoire,

Détruire par timidité

Le Temple de la vérité.

 

Les Juifs craignaient que les Romains

Ne vinssent saccager leur ville

Si jamais ils donnaient les mains

Aux maximes de l’Évangile ;

Leur politique les trompa

Et Rome enfin les écrasa.

 

Si par malheur vous imitiez

Un si pernicieux exemple,

Mes Pères, vous mériteriez

De voir détruire votre temple

Comme celui de Port-Royal,

Mais par un sort bien inégal.

 

Croyez-moi, périr pour périr,

Périssez en gens de courage.

Dieu seul qui peut vous secourir

Attend de vous ce témoignage.

Périssez pour sauver la foi

Avec les intérêts du Roi.

 

Cent fois vous nous l’avez appris,

Plaise à Dieu qu’il vous en souvienne,

Que Saül avait été le prix

Du sang que répandit Étienne,

Que le vôtre, Oratoriens,

Soit la semence des chrétiens.

 

Dire qu’on rejette de cœur

Un décret qu’on reçoit de bouche,

C’est devenir faux-monnayeur

Sans craindre la pierre de touche ;

Peut-on mentir au Saint-Esprit

Et se moquer de Jésus-Christ ?

 

Si les martyrs avaient usé

De cet indigne stratagème,

Ils n’auraient jamais refusé

À l’erreur de dire anathème.

Quand on aime la vérité

On meurt dans la simplicité.

Numéro
$6720


Année
1746




Références

Clairambault, F.Fr.12715, p.162 - F.Fr.10477, f°320 - Mazarine Castries 3989, p.221-23


Notes

Ces couplets ont été faits à l’occasion de l’assemblée des Pères de l’Oratoire, tenue dans leur maison de la rue Saint-Honoré, le 14 septembre dernier, pour leur faire signer la Constitution.