Sans titre
Pleurons, pleurons amèrement
Le funeste trépassement
D’un prélat mort saintement.
Ce fut le grand jour de Noël
Qu’il parut devant l’Éternel
Avec l’ange Gabriel.
Après avoir patiemment
Souffert un très cruel tourment
Il est mort bien saintement.
De la Chaise-Dieu le prieur
Connaissait de ce saint Pasteur
Le mérite et la ferveur.
Le Roi, dit-on, un beau matin
Écrivit au Bénédictin
Un ordre sur parchemin.
Cet ordre était signé Louis.
Plus bas Philippeaux était mis,
Cacheté des fleurs de lys.
On mit la lettre de cachet
Dans une espèce de billet
Qui d’enveloppe servait.
Ce billet en termes exprès
Disait : Ne rompre ces cachets
Qu’après la mort de Senez.
Quand il fut mort on vit l’écrit
Où mot pour mot il était dit
Formellement ce qui suit.
J’ordonne que sans examen
Après la mort de Soanen
A ceci l’on dise Amen.
Dans une chapelle à l’écart,
Tout simplement sans aucun art,
Qu’on enterre ce cafard.
Ce qui fut ordonné fut fait.
Le Roi sur ce fut satisfait
Car sa lettre eut son effet.
Quelques-uns de ses favoris
Ont pourtant dit De profondis
Lorsqu’au cachot il fut mis.
Prions tous d’un cœur contrit
Ce prisonnier de Jésus-Christ
D’être saints par son crédit.
Mazarine Castries 3987, p.288-90