Sans titre
Vous avez beau par vos discours
Tâcher de nous séduire,
C’est vainement que tous les jours
Vous voulez nous instruire.
Grâce aux jésuites nous avons
La faridondaine, la faridondon
Le repos de cœur et d’esprit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Il faudrait être bien nigaud
Pour suivre vos maximes :
Du moindre des petits défauts
Vous faites de grands crimes.
Mais chez nous, sans tant de façon
La faridondaine, la faridondon
Tous les crimes sont en oubli
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Vous nous prêchez sévèrement
Qu’il faut donner l’aumône
Et vous dites qu’absolument
Le bon Dieu nous l’ordonne.
Mais contre cette intention
La faridondaine, la faridondon
Nous suivons le père Bauny
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
C’est un des plus sages vieillards
De notre sainte école.
Ses livres servent de remparts
Aux maximes frivoles.
De ce fardeau par ses leçons
La faridondaine, la faridondon
Nous nous trouvons tous garantis
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Il dit qu’on ne doit assister
Le pauvre en sa misère
Qu’après avoir su ménager
Plus que le nécessaire,
Puis du superflu ce barbon
La faridondaine, la faridondon
Dit qu’au Ciel il nous fait profit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Mais avant que de profiter
Dans le céleste empire
On peut aisément remarquer
Qu’en voulant nous instruire
Il nous donne permission
La faridondaine, la faridondon
De faire aussi notre profit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Si nous voulons nous dispenser
De jeûner les carêmes,
Nous pouvons nous en exempter
Par mille beaux systèmes
Sans crainte de punition
La faridondaine, la faridondon
On peut manger cailles et perdrix
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Vasquez et le grand Escobar
Par des règles commodes
Nous font lire sans aucun fard
Que la bonne méthode
Est qu’il faut être avec raison
La faridondaine, la faridondon
Plus saint de corps que de l’esprit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Ils nous montrent visiblement
Et leur sainte séquelle
Que lorsqu’on a trop fortement
Couru de belle en belle
On peut sans modération
La faridondaine, la faridondon
Donner carrière à l’appétit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Mais c’est assez nous arrêter
Sur cette circonstance,
Nous avons à développer
Des choses d’importance.
C’est la probable opinion
La faridondaine, la faridondon
Qui nous apporte tant de fruit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Le grand Diana nous apprend,
Caramuel explique
Que pour agir probablement
Il faut que l’on s’applique
À suivre en tout l’opinion
La faridondaine, la faridondon
De leurs docteurs en Jésus-Christ
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Le Père de Rhodes nous dit,
Saubrin nous en assure,
Croyons-les donc sans contredit,
La chose est des plus sûres
La faridondaine, la faridondon
Probable en spéculation
La faridondaine, la faridondon
Et probable en pratique aussi
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Si quelquefois dans les auteurs
On trouve le contraire,
Il est permis à tous pécheurs
Sans être téméraire,
Si l’un dit oui, l’autre dit non
La faridondaine, la faridondon
De choisir l’un des deux avis
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Si l’un fait paraître à nos yeux
Morale trop sévère,
Laissons-les dire à qui mieux mieux
Sans nous mettre en colère,
D’autres par modération
La faridondaine, la faridondon
Vous traiteront en vrais amis
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Ainsi sans crainte de péchés,
Suivant un auteur grave,
Jamais on ne peut s’égarer,
Chacun d’eux nous en lave
C’est là la droite opinion
La faridondaine, la faridondon
Malheur à qui n’est pas instruit
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
F.Fr.15133, p. 1-10 - Arsenal 3116, f°69r-71r - BHVP, MS 658, p.51-55 - Mazarine, MS 2164, p.266-73 - Mazarine Castries 3984, p.190-97