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Sans titre

Tous nos prélats doivent dans un concile
Défendre de prier.
Ils ont déjà défendu l’Évangile.
Je ne sais point plaider.
De mes devoirs ils abrègent la liste,
Je suis moliniste,
Moi,
Je suis moliniste.

En supprimant vigiles et carême
Dans la confession,
Pour les péchés faits après le baptême
Point de contrition,
Sois désormais qui voudra janséniste,
Je suis moliniste,
Moi,
Je suis moliniste.

La charité comme Augustin la prêche
Est un pesant fardeau,
De ses écrits le style est trop revêche.
J’aime mieux mon Pétau.
Fi de Quenel, sa morale m’attriste,
Je suis moliniste,
Moi,
Je suis moliniste.

De nos prélats, le vin, la bonne chère
Me tente tous les jours,
Du bon Senez j’abhorre la chimère
Et les gênants discours.
Du Port-Royal il peut suivre la piste,
Je suis moliniste,
Moi,
Je suis moliniste.

Un jour viendra, je tremble quand j’y pense,
Que de même que moi
Comparaîtront la mitre et l’Éminence
Au trône du grand Roi.
Quoi, dira-t-il, vous êtes moliniste ?
Je suis janséniste,
Moi,
Je suis janséniste.

Numéro
$5346


Année
1726 (Castries)




Références

F.Fr.12800, p.319 - Mazarine Castries 3984, p.117-19