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Les don don

Si quelque infirme cherche à guérir,
Tôt ou tard sans aller à la crêche,
Qu’il aille à Saint-Médard.
Le bienheureux Pâris ne manque aucun malade.
Tout trouve guérison
Don don
Mais il faut pour cela
La la
Faire force gambades.

Ce n’est point une fable
Qu’ici l’on vous apprend,
Cet homme incomparable,
C’est l’abbé Bécheran.
Il boîtait en naisssant, la chose est bien certaine,
Il ira sans bâton
Don don
Et droit il marchera
La la
S’il ne meurt à la peine.

Deux fois dans la journée
On le porte au tombeau,
Sur la pierre sacrée
Il s’étend comme un veau.
On dirait qu’aussitôt le Diable le possède.
Ce n’est pas le démon
dondon
Ne craignez pas cela
La la
C’est le saint qui l’obsède.

L’aventure est notoire
Du marquis de Legal.
On en peut voir l’histoire
Dans le procès-verbal.
Il était, sa maison du moins l’assure-t-elle,
Muet come un poisson
Dodon
Il prononce déjà
La la
La première voyelle.

Plus étrange est la cure
Du chevalier Follard.
Un médecin assure
Qu’elle surpasse l’art.
Il était plus que sourd, petite est la merveille,
Le grand bruit du canon
Dondon
Autrefois lui cassa
Le tympan de l’oreille.

Il fit quatre neuvaines
Por avoir guérison
Et fut quatre semaines
Toujours en oraison
Mais le Vendredi saint d’une église étant proche
Ah, voilà le bourdon !
Don don
Miracle ! il s’écria,
La la
J’entends sonner la cloche.

Une femme affligée
Postérieurement,
de la terre sacrée
s’était fait un onguent,
et sans beaucoup de foi s’en frotta le derrière.
Mais par punition
Don don
Cette humeur âcre-là
La la
Prit la route contraire.

De monsieur de la Salle,
Le cas est singulier,
Sa femme avait la gale.
Pour elle il fut prier.
Il conjurait le saint avec ferveur extrême
Qui par distraction
Don don
Laissa sa femme
La la
Pour le guérir lui-même.

De la goutte affaiblie
Une jambe il avait
Que par cérémonie
D’un cordon il portait.
Mais elle est à présent entièrement guérie
Puisqu’on voit le cordon
Don don
Et le certificat
La la
Dedans la sacristie.

D’une paralysie
Percluse entièrement
Une fille jolie se traîne au monument ;
Mais elle guérira sans doute avec vitesse
Dans la convulsion
Don don
elle remue déjà
Lalla
les reins avec souplesse.

Un aveugle en doutance
Lui fit cette oraison :
En vous j’aurais croyance
Si j’obtiens guérison
Comme il était veuf, il s’en fut, dit l’histoire,
Le saint avait raison
Don don
De lui prouver par là
Lalla
Que sans voir il faut croire.

De Jeanneton Le Pautre
Le cas est singulier,
Elle avait l’un dans l’autre
Les pieds entortillés.
Sur la tombe déjà toute seule elle danse
Saute mieux que Balon
Don don,
Bat plus haut l’entrechat
Lalla
Et retombe en cadence.

Si je voulais tout dire,
Je n’aurais jamais fait ;
Mais il vaut bien mieux lire
L’agenda qu’on a fait.
Il y en a sept cents, trop longue est la légende,
Mais plus d’un million
Don don
Bientôt on en fera
La la
Pour peu qu’on le demande.

Un mort il ressuscite
Par son juste rapport.
D’Arnauld ou du jésuite
Nous verrons qui a tort.
Cette idée après tout est mal imaginée
L’affaire en question
Don don
Par ces prodiges-là
La la
N’est-elle pas jugée ?

De ces faits authentiques
Peut-on encor douter ?
Comme problématiques
Peut-on les regarder ?
Que votre cœur enfin cesse d’être incrédule,
Ou comme Pharaon
Don don
Dieu vous endurcira
La la
Sectateurs de la Bulle.

 

Numéro
$3720


Année
1731 / 1732




Références

Clairambault, F.Fr.12704, p.207-09 - Maurepas, F.Fr.12633, p.119-25 - F.Fr.10476, f°72r-72r - F.Fr.12675, p.65-72 - F.Fr.15137, p.66-74 - F.Fr.15145, p.295-305 - Arsenal 2932, f°91v-96r - Arsenal 2934, p.81-89 - Arsenal 3116, f°128r-130r - BHVP, MS 542, p.155-62 - BHVP, MS 548, p.136-49 - BHVP, MS 658, II, p.50-55 - Mazarine MS 2166, p.343-50