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Très humbles remontrances de M. de Montempuis au R.P. du Cerceau

Très humbles remontrances

de M. de Montempuis
au R. du Cerceau
Non, ce n’est point vous, du Cerceau,
Dont la muse critique
Noircit de mon faible cerveau
Le délire comique.
A vos yeux je suis sans péché,
Mon action est bonne,
Des jésuites j’ai rapproché
Le docteur de Sorbonne.

Si les spectacle sont proscrits
Du sage païen même,
Vos Pères, docteurs mieux appris,
Mitigent l’anathème :
Sur le théâtre de Clermont
Par maints tours de souplesse,
Arlequin vous sert de second
Pour former la jeunesse.

Comme l’appel cause entre nous
Rupture opiniâtre,
Pour communiquer avec vous
J’ai recours au théâtre
Arlequin centre d’union
M’unira quoiqu’on fasse
Malgré la Constitution
A la troupe d’Ignace.

Prêtre qui va en certain lieu
Egayer sa morale
Doit se travestir de son mieux
Pour parer le scandale.
Tel est de vous joyeux auteurs
La prudente maxime ;
En les prenant pour directeurs
Aurais-je fait un crime ?

On peut déposer du chrétien
L’auguste caractère.
Vous l’avez montré fort bien
A Monseigneur d’Auxerre.
Je puis donc selon les besoins
Abdiquer la tonsure.
Le baptême tiendrait-il moins
Que la cléricature ?

Si du sexe j’ai pris l’habit,
La coiffe et les dentelles,
Souvent votre théâtre admit
Métamorphoses telles.
Jamais dans la société
Homme devenu femme,
Fût-il de l’université
Ne mérita de blâme.

 

Numéro
$3736


Année
1726 (Castries)




Références

F.Fr.13655, p.41- Arsenal 2962, p.346-49 - Arsenal 2975, p.20-21 - BHVP, MS 559, f°13v-14r - Mazarine Castries 3984, p.104-06 - Besançon BM, MS 561, p.118-20


Notes

Réponse de M. de Montempuis à la chanson Eh, allons ma landerirette, que l'on croit être du père du Cerceau, jésuite, sur l'air de Joconde (Arsenal 2962)