Post-scriptum
Post-scriptum1
J’ouvre ma lettre pour vous dire
Que je pars précipitamment,
L’évêque vient heureusement
De mettre fin à mon tourment.
Au fond je n’en saurais médire,
Quoiqu’un peu de délai pourtant
Pour m’arranger n’eût pu me nuire ;
Mon amant en est en délire ;
La crainte qu’on ne dise ici
Qu’il a fait comme d’Assoucy2 ,
Le tourmente ; il en jure, il crie,
Il maudit jusqu’à sa patrie ;
Si l’évêque eût changé d’état
Il dégainait, et du prélat
C’en était fait ; une satire,
Arme que de la plume il tire,
L’unique dont il s’est servi,
Est mise au lieu, trait bien hardi
Qu’il décoche après avoir fui,
De même que fit d’Assoucy.
Messieurs, c’est un ouvrage à lire3 ,
Car dans son genre il est fini.
Je n’ai le temps de vous en dire
Que quelques traits que j’ai saisis,
Qui sûrement vous feront rire,
Et qui m’ont bien fait rire aussi,
Car n’est besoin de vous instruire
Que moi je ris de tout ceci.
L’évêque s’est laissé séduire,
Et souffre tout excepté lui.
Lui, c’est un exemple à son dire
Que qui le connaît bien, l’admire,
Et très digne d’être suivi,
Sage, pieux, modeste aussi
Dans sa façon de se conduire.
Et moi, je suis vierge et martyre,
Et nous n’étions venus ici
Que pour avoir soin des églises
Et plusieurs saintes entreprises ;
Et pour prix de ces actions,
Toutes pour le divin service,
(Voyez un peu quelle injustice !)
On nous pourchasse et nous fuyons.
Raunié, VI,137-38 - Clairambault, F.Fr.12706, p.39-40 - Maurepas, F.Fr.12634, p.29-30 -- 1754, VI, 34-35 - Clairambault, F.Fr.12706, p. 39-40 - F.Fr.13661, p.501-02 - F.Fr.15148, p.53-60 - L'Observateur poligraphique, t.I. p.140-41
Suite de $831