Sur Louis le Grand
Sur Louis le Grand
Le fils aîné de notre Église
Fut son plus grand persécuteur.
J’en dirai la raison précise
Pour accuser son entreprise.
C’était l’avis du confesseur.
Il lui donnait pour pénitence
D’affliger les plus gens de bien
Et voulait qu’un Roi Très Chrétien
Par exil, prison, violence,
Éprouvât leur patience,
Leur vertu, leur obéissance ;
Qu’il comptât leurs maux pour rien
Et désolât toute la France
Par principe de conscience,
Lui mettant le Ciel à ce prix,
Et se moquant de tous les cris.
Sans cela, Louis eût été sage,
Mais ce jésuite dont la rage
Allait croissant de jour en jour,
Appréhendant quelque détour
L’a pressé d’achever l’ouvrage
Par un plus éclatant ravage.
Plein de faux zèle, de vain amour,
Le prince prépare la foudre,
Menace de tout mettre en poudre,
Veut aller dans son parlement
Et forcer la justice même
Par une autorité suprême
De suivre son emportement ;
Quand du Ciel sur-le-champ
La colère s’allume,
Frappe son oint, le brûle, le consume.
Grande leçon pour ses pareils
Qu’un si mauvais conseil éclaire,
Qui, n’ayant pas de plus sûrs luminaires
Se comparent à des soleils.
Arsenal 3128, f°240r