Sans titre
L’on est ici fort occupé
À chercher la fortune,
Elle en a déjà bien happé
Dans la foule importune.
Chacun la court à sa façon
La faridondaine.
Je la cours au Mississipi
Biribi
À la façon de Barbari mon ami.
C’est un roman que ce qu’on fait
Dedans le ministère.
Non, non, l’on ne croira jamais
Tout ce qu’on y voit faire.
À l’avenir avec raison,
On rira du Mississipi.
Les uns se sont fait une idée
D’augmenter leur finance.
Les autres d’avoir leur lippée
Dedans cette occurrence.
Chacun s’abuse à sa façon,
Je le suis du Mississipi.
Ces messieurs vont donc voyager
Dedans la Louisiane.
Chacun court s’y engager,
C’est une courtisane
Qui attire les vagabonds.
Ce que j’en pense, je le dis.
C’est certainement voyager
Dans l’île de Chimère.
Cela s’appelle aller chercher
Dans les cieux, la terre.
Tôt ou tard nous les reverrons
Chargés d’or du Mississipi.
Puis enfin, c’est aller brusquer
La fortune contraire
Et vouloir aller débusquer
L’Espagnol de sa terre.
La poudre de projection
Vient tout droit de Mississipi.
Pour moi j’en attends les effets,
Assis dedans ma chaise.
Et je vis de tous ces projets,
Ici, fort à mon aise.
Pour connaître l’illusion,
Faut aller au Mississipi
Voilà la Constitution,
Ma foi tombée par terre.
On ne parle que d’action,
On laisse la chimère,
Je trouve que l’on a raison,
Rien n’est tel que Mississipi.
Que servent les divisions ?
Un peu plus d’opulence,
Grand nombre de souscriptions
Qu’on touche à l’échéance.
On y gagne des millions
Qui viennent de Mississipi
Le père Tellier étant mort,
Cessons toute dispute.
Pourquoi aux caprices du sort
Être toujours en butte ?
En intelligence soyons
Pour aller au Mississipi.
Clairambault, F.Fr.12697, p.235 - Arsenal 2961, p.553-58 - Arsenal 3231, p.430-33 - Barbier-Vernillat, III, 82-84