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Complainte des pauvres de la paroisse de Saint-Sulpice

Complainte des pauvres

de la paroisse de Saint-Sulpice
Or écoutez, petits et grands,
Le curé a pris notre argent
Donnant une fête galante.
C’est pour les amis de sa tante
Qu’il change en fusée notre pain.
Nous allons tous mourir de faim.

Avec cent mille lampions
Il fait illumination
Dans un lieu choisi à sa guise :
Ce sont les tours de notre église.
Un feu d’enfer, hélas ! mon Dieu,
J’ai vu sortir de ce saint lieu.

Est-ce donc par dérision
Qu’il fait brûler boîte et canon
Au milieu du cimetière ?
Ni lui, ni Monsieur son vicaire,
Ils n’ont point senti de remords
De troubler le repos des morts ?

Dans sa sainte communauté
Un grand festin on a porté
Pour les Messieurs et pour les Dames.
Ce n’est pas tout, mes bonnes âmes,
Des médailles d’or et d’argent
Il leur a fait de beaux présents.

Le dimanche il fit travailler
Nous avions beau crier, piailler,
Il dit en chaire dans l’église :
Malheur à qui se scandalise.
Moquons-nous des commandements.
Le curé l’a dit, mes enfants !

Or prions Dieu, mes chers amis
Qu’il nous mette en son paradis,
Car depuis que Messieurs nos prêtres
Sont devenus des petits-maîtres,
Leurs prônes sans compassion
Un seul nous fait de beaux sermons.

Languet n’est plus, c’est grand misère
De nous tous il était le père.
Du Lau n’est qu’un pauvre histrion
Né dur et sans compassion.

 

Numéro
$4731


Année
1754




Références

F.Fr.10479, f°393 - Arsenal 4844, f°241r-242r


Notes

Le quatrain qui clôt la complainte (répertorié comme $4732) fait pièce rapportée. Les deux derniers vers de cette dernière paraissent également peu cohérents, ce qui pose le problème de l'attribution: parle-t-on de Languet de Gergy, cible de nombreuses satires jansénistes ou de son successeur?