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Chanson

Chanson sur l’air O gué lon la
Pécheurs et gens du monde,
Écoutez-nous.
peuple de la fronde,
Amendez-vous,
Et pour Dieu n’allez point au bal
Dans ce carnaval
Ni à l’Opéra
O gué lon la

Gens de robe et d’épée
Qui m’écoutez,
Et vous, troupe frisée
De beaux abbés,
Croyez-moi, tout ce carnaval
N’allez point au bal
Ni à l’Opéra
O gué lon la

Dames et vous, bourgeoises,
Dedans Paris
A tous venants courtoises
Hors vos maris,
Amendez-vous ce carnaval
N’allez plus au bal
Ni à l’Opéra
O gué lon la

Fermiers et gens d’affaires,
De qui le gain
Cause tant de misère,
Quittez ce train
Où chacun de vous à cheval
Dedans ce carnaval
Dans l’enfer ira,
O gué lon la

Au royaume de Perse
D’où, Dieu merci,
Bien longue est la traverse
Jusques ici,
Un marmouset tout biscornu
Au monde est venu
Dont il vous aura
O gué lon la

Au temps de sa naissance
On vit en l’air
Des signes d’importance
Et maints éclairs
On vit livres défendus,
Des moines pendus
Pour ces livres-là,
O gué lon la


Une éclipse de lune
En plein midi
A la nuit la plus brune
Fit paroli ;
On vit certains petits enfants
Faits en cerfs-volants
Que l’air emporta
O gué lon la

Ce n’est point une fable
Qu’on va conter,
L’histoire est trop croyable
Pour en douter
Car le grand maître de Saint-Jean
La tient d’Ispahan,
Comme la voilà,
O gué lon la

Le bailli de Noailles,
Digne de foi,
De Paris à Versailles
Fut dire au Roi :
Sire, voici ce que l’on écrit
Touchant l’antéchrist
Arrive déjà,
O gué lon la

L’ambassadeur de Malte
Près de Bagdet
En faisant faire halte
A son mulet,
Vit à Rome un petit enfant
Qui n’était pas grand
Mais qui le sera,
O gué lon la

L’enfant quoique sans père,
Comme on prétend,
A la plus belle mère
De l’Orient.
Elle descende des grands sophis,
Mais de son cher fils
Le Diable est papa,
O gué lon la

Des marques de la bête
Il est pourvu
En pointe va sa tête,
Il est bossu,
Il a la bouche de travers,
Il sait tous les airs,
Du seigneur Campra,
O gué lon la

On dit qu’à Babylone
Il n’est jamais né
De marmouset si jaune
Ni si tanné,
Il marche, il parle, il a des dents
Et plusieurs enfants
A l’âge qu’il a
O gué lon la

Il a nombreuse suite,
Nombreux trésors,
Tous corps il ressuscite
Hors ceux des morts,
Il est grand théologien,
Grand magicien,
Grand et cetera
O gué lon la

Sans s’être fait instruire
Par les savants
Il a l’art de séduire
Petits et grands.
Défendez-vous de ses discours,
Beautés de nos jours,
Quand il vous verra,
O gué lon la

Un certain nouvelliste
De ces centons,
Dit qu’il est janséniste
Dans ses sermons,
Et qu’il a déjà converti
Un nombre de fils
Du grand Loyola
O gué lon la

Que sans cérémonie
Votre pasteur
De loin excommunie
Ces imposteurs
Et défend en ce carnaval
De courir au bal
Et voir l’Opéra,
O gué lon la

 

Numéro
$3739





Références

F.Fr.13655, p.256-58