Calotte pour M. Ventre père
Calotte pour M. Ventre père
Touchant ce que Sieur Vincent l’Ane,
Collègue du Sieur La Brillane,
Nous remontra dernièrement
Pour le parfait gouvernement,
Que Ventre, son digne beau-frère,
Avait une juste colère
De ce que, prenant le parti
De Girard à cœur et à cri
À cause de son innocence,
Il n’avait nulle récompense
Tandis que d’autres, moins que lui,
Ont de beaux brevets aujourd’hui
Par une singulière grâce
Qui ne sont pas seigneurs de place
Et qui n’ont pas l’heureux talent
De se faire croire excellents.
Nous, commandants de la Calotte,
Prês à réparer toute faute,
Sachant que le vieux procureur
Défend même avec fureur
Notre fameux apothicaire,
Girard, de prudence exemplaire
Qui a toujours aimé l’argent,
Que, loin de paraître indulgent
Envers Catherine Cadière,
Il tonne et peste de manière
Contr’ell et contre Nicolas
Que s’il pouvait avec un las
Les aveugler, aucun ne doute
Qu’il ne prît d’abord cette route
Car il n’est guère façonnier.
Nous nommons notre canonnier
Ce gros seigneur de la Touloubre,
Rime quiconque sait en oubre ;
C’est un esprit fin, délicat,
Qui n’étant rien moins qu’avocat
Écrit comme tel sans scrupule
Et sans craindre le ridicule.
Il signe cavalièrement,
Se faisant payer grassement
Sans se mettre beaucoup en peine
Si certains nigauds il entraîne
Dans quelque malheureux procès
Et s’il les ruine à jamais.
Certainement son savoir-faire
Mérite ce double salaire
Et que par la protection
Et par la grande attention
De son admirable beau-frère
À l’élection consulaire
Il attrape le chaperon
Pour l’honorer de son grand nom
Et pour tenir gaie la ville,
Joyeuse, contente et tranquille
Au son du charmant tympanon
Même en temps de contagion.
Publié l’an que la justice
Punit les agneaux innocents
Pour faire triompher le vice
En faveur des loups ravissants.
F.Fr.23859, f°140