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Vers sur la soeur Cadière

Vers sur la sœur Cadière1

Un matin qu’à l’écart

Le bon Père Girard

Baisait la sœur Cadière

Survint une tourière

Qui sans penser à mal

De loin crut voir un animal

D’espèce singulière.

Elle fit trois pas en arrière

Avec le signe de la croix

Car onc ne vit pareil effroi.

Parbleu, s’écria-t-elle,

Ruminant à par soi,

Je crois, foi de pucelle,

Que mes sens sont en désarroi.

Ce n’est que terreur panique,

Ou vision chimérique.

Voyons donc ce que c’est.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

D’un pas chancelant elle avance

Et vit, qui l’eût cru, que Girard

Avec sa sainte en défaillance

Consommait acte de paillard.

La chose était pour elle,

Je l’ose dire, toute nouvelle,

Et croyant que quelque accident

Avait pris au saint Père,

Elle courut vite au couvent,

D’où rapportant bon vulnéraire

Elle voulut par ce secours

Le ramener au jour

Et le tirer d’affaire,

Mais le trop rusé Père

Riant de sa naïveté

Et sûr de sa simplicité

Lui dit avec emphase :

Passez, ma sœur, nous sommes en extase.

 

  • 1Autre titre : L'Extase quiétiste.

Numéro
$1898


Année
1731 juillet




Références

F.Fr.15020, f°273r-276r - F.Fr.23859, f°12 - Stromates, I, 106-07 - BHVP, MS 602, f°173v-174r - Turin, p.282-83


Notes

La même histoire est racontée en $3094, mais n’a de commun avec $1898 que les deux premiers et le dernier vers.