Calotte pour Mlles Barry et Payen
Calotte pour Mlles Barry et Payen
Comme dans notre Régiment
Les femmes ont leur ascendant,
Et a fortiori les filles
Quand elles sont jeunes, jolies et gentilles,
Riches et de bonne maison
Et dignes d’un certain renom,
Nous, Général de la Calotte,
Après avoir pris bonne note
Sur le zèle à nous rapporté,
Empressement et charité
De quelques filles de la ville
D’humeur assez bonne et docile
À l’égard d’un de nos soldats
Tombé dans un grand embarras ;
C’est Girard, notre apothicaire,
Duquel le trop juste salaire
Pour avoir clistérisé tant,
Et par derrière et par devant,
Et par devant et par derrière,
À la coutume sabatière
Lui doit attirer sur le nez
Qui lors à notre grand regret
Si la bonne justice est faite
Comme le public le souhaite.
Quoiqu’il en soit, à nos moutons
Pour revenir nous entendons
Que la Barry et la Payane
Plus belles que la tête d’un âne,
Plus sages que n’est Nifafa1
Plus dévotes que Mustafa,
Plus jeunes que les douze apôtres,
Soient enrôlées dans les nôtres.
A cet effet, dans le moment,
Qu’une calotte pour présent
Leur soit portée à grande fête
Pour l’ornement de chaque tête,
Et pour le besoin encore plus
Ainsi qu’on le pense. Au surplus
Pour prouver notre bienveillance
À ces deux filles par avance
En attendant de les pourvoir
Comme il est de notre devoir
Et comme elles en ont envie
Au péril même de leur vie
Puisque continuellement
Elles parlent de sacrement
À quiconque veut les entendre,
Voici le moyen de s’y prendre.
Nous les nommons nos soldats
Par brevet et par concordat
La plus grande pour lavandière2
et l’autre sera lunetière3
Du Régiment, raison pourquoi
Chacun le sait qui vient la voir,
A nul besoin n’est de le dire
À moins de vouloir faire rire,
Ce qui ne saurait convenir
Car on n’en a pas le loisir.
Pour subvenir à la dépense
De ces filles en conscience,
Nous leur assignons en biens fonds
Les épargnes de nos maisons
Et pour revenus de la lune
L’influence qui est commune
À Grégoire notre moucheur,
À Patot notre décrotteur
Et autres gens de cette sorte
À qui l’on doit fermer la porte.
Fait et lu devant le Palais
Le jour de grands coups de balais.
F.Fr.23859, f°147